
L’administration publique est en proie à un certain nombre de déséquilibres structurels qui entravent son rôle dans le développement durable et global. Pour surmonter ces défis, l’État doit travailler au fil du temps et en plusieurs phases, pour formuler une série de réformes. Cela comprend l’introduction d’amendements, de changements et de développements, pour suivre le rythme des évolutions nationales et internationaux, instaurer un environnement attrayant afin d’attirer les investisseurs et garantir un cadre plus moderne répondant aux besoins et aux exigences des citoyens. Les changements les plus importants se reflètent dans l’amélioration des services publics à travers l’adoption d’approches, de mécanismes, d’outils et de méthodes de pointe, base fondamentale de leur avancement, tels que les déclarations obligatoires de patrimoine et l’annonce de l’Autorité centrale de lutte contre la corruption. Des efforts ont également été déployés pour améliorer la vie publique et politique à travers les partis politiques et la Société civile, simplifier les procédures et mesures administratives et rendre l’administration publique plus ouverte aux usagers.
L'Administration est un mécanisme fondamental de mise en œuvre des programmes et des politiques publiques de l'État dans les domaines économique, social et culturel. Elle représente un moyen de répondre aux différents besoins des citoyens, conformément à des principes et normes administratives spécifiques définis par la Constitution. Depuis son indépendance, notre pays s’est attaché à en construire et à asseoir les bases. Conformément aux tendances mondiales de rénovation, la Mauritanie a entrepris d’importantes réformes visant à assurer la croissance économique et la stabilité politique, tout en soulignant la nécessité de s’ouvrir sur le monde.
Le domaine de l’Administration a été l’un des secteurs les plus visés par la réforme, résultant de motivations globales externes et internes. Il s’est également avéré urgent d’améliorer et de moderniser la gestion administrative et de mettre à jour les institutions publiques, considérées comme un lien complémentaire à d’autres réformes en d’autres domaines. Une bonne gestion économique ne se limite pas aux politiques suivies mais dépend plutôt des institutions qui les traduisent dans la réalité et contribuent à leur efficacité.
Diagnostic
Management beaucoup plus souvent préoccupé par la gestion quotidienne que par sa dimension relationnelle ; trop démarches et documents exigés des clients ; manque de respect des horaires de travail par certains salariés ; absence du client dans l’élaboration des politiques et programmes visant principalement à répondre à ses désirs et besoins ; incapacité de l’Administration à appliquer immédiatement certaines décisions judiciaires à son encontre, ce qui suscite un manque de confiance parmi les usagers ; certaines administrations ne motivent pas leurs décisions concernant les clients, ce qui entretient, chez ceux-ci, des doutes et des suspicions quant à la crédibilité des services de celles-là ; absence de vision globale de l'accueil et de l'orientation, avec, notamment, l’attribution de sièges sans prévision des moyens nécessaires et du personnel qualifié. Pas ou prou d’annexes facilitant la recherche des locaux et des bureaux au sein de chaque département ; manque de sensibilisation à l’importance des plaintes et des aspirations susceptibles de guider la réforme administrative et d’améliorer les méthodes d’organisation et de gestion de celle-ci. Cette situation nécessite de mettre œuvre plusieurs mesures pour remédier à ces déséquilibres.
Principes fondamentaux d'une réforme administrative globale
Soutenir la décentralisation administrative et renouveler les tâches de gestion : la décentralisation administrative constitue le pilier nécessaire du programme de réforme, dans le cadre d’une politique de planification territoriale axée sur la décentralisation et la régionalisation, et celui, fondamental, du processus de rationalisation du travail administratif et d’amélioration de la qualité des services. On comprend, dès lors, la nécessité de : mettre en œuvre une politique administrative fondée sur la réduction du nombre de structures et de cadres administratifs ; d’encourager les administrations publiques à s’ouvrir aux organisations de la Société civile et au secteur privé, dans le cadre de partenariats et de contractualisation ; de renforcer les autorités de suivi et d’évaluation pour mieux répondre et gérer les contraintes liées à la décentralisation.
Soutenir l’éthique dans l’établissement public : dans une approche globale, il est nécessaire de renforcer le principe de la règle d'éthique comme élément de base pour la mise en œuvre de diverses initiatives et programmes de réforme, ce qui se reflétera positivement sur la relance de l'investissement et le soutien au développement économique et social. Le manque d'éthique est une raison de la perte de confiance de l'investisseur et du citoyen envers l'Administration et de la difficulté à attirer des investissements. Plusieurs nécessités découlent de ce constat : s’ouvrir aux activités de la Société civile active dans le domaine de l’amélioration de la vie publique ; établir le principe de responsabilité ; formuler une loi claire sur la déclaration de propriété ; valoriser le rôle des inspections générales des ministères dans un contrôle efficace sur le terrain ; renforcer les lois relatives à la protection des témoins et des lanceurs d’alerte en ce qui concerne les délits de corruption, de détournement de fonds et de trafic d’influence.
Relation entre l’Administration et ses clients
Il est nécessaire de passer d’une gestion administrative à une gestion citoyenne, en faisant, de la communication avec tous les usagers, une des préoccupations fondamentales des administrations publiques. Parmi les mesures susceptibles d’améliorer la relation entre l’Administration et les usagers, je citerai : l’amélioration de l’accueil et du traitement des plaintes et autres doléances ; la suspension des délais de réponse aux demandes des clients et de traitement de leurs dossiers ; l’institutionnalisation des enquêtes auprès des clients pour déterminer leurs besoins et leur satisfaction vis-à-vis des services qui leur sont fournis ; l’obligation imposée à l’Administration de motiver ses décisions , l’adoption d’un guichet unique pour offrir les meilleurs services possibles aux clients.
Formation et qualification des ressources humaines
Le défi de la réforme administrative ne peut être relevé qu’en investissant correctement dans le capital humain et en adoptant une formation décentralisée de ses ressources. Il va donc falloir : améliorer le système général de base de la fonction publique aux niveaux du recrutement, de la notation, de la formation continue et de la promotion ; adopter la méthode du concours comme seul moyen de recrutement ; rationaliser l'emploi, légiférer sur la nomination aux emplois supérieurs ; fixer, par décret, les modalités d'organisation des concours de recrutement aux emplois supérieurs ; réformer les systèmes de rémunération dans la fonction publique. À ce dernier égard, il est essentiel de réviser le système en cours, en adoptant le principe de justice et d’équité et en réduisant les vastes disparités entre les salaires les plus élevés et les plus bas.
Simplification des procédures et mesures administratives
Réduire les structures administratives, consolider les unités impliquées dans le même processus et réduire les documents administratifs directement liés aux citoyens et aux investisseurs. Développer l’utilisation des technologies de l’information et de la communication : il s’agit d’élever l’Administration à un niveau élevé d’efficacité et de productivité et d’améliorer la qualité des services rendus aux usagers. Pour y parvenir, on veillera : à sensibiliser les citoyens et à les encourager à utiliser Internet comme un moyen simple et rapide d’effectuer leurs démarches ; à diffuser les technologies de l’information, notamment Internet et l’informatique, dans les administrations publiques et les collectivités locales. Il convient également de passer de la gestion-papier aux règles en ligne ; et d’ouvrir des portails électroniques et des services en ligne : carte nationale électronique, acte d’état-civil, carte grise, permis de conduire, déclaration fiscale ; etc.
Conclusion
Pour que le processus de réforme administrative réussisse, il faut une véritable volonté politique, des efforts concertés de toutes les parties prenantes et le développement des ressources humaines. La réforme nécessite de changer les comportements et les mentalités et d’améliorer la législation, afin d’instaurer un service administratif public efficace au service des citoyens.
Cheikh Ahmed ould Mohamed
Ingénieur
Chef du service « Études et développement »
Établissement portuaire de la Baie du Repos (Nouadhibou)




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