
Dans un moment de réflexion fugace, se dessine une scène étrange au sein de l’administration publique : des visages qui, hier encore, guettaient la chute de leurs prédécesseurs aux tables du pouvoir, se préparaient à prendre la relève, rêvant d’une “fonction” non pour servir la Nation, mais pour prolonger la chaîne de dérives qui ont épuisé les institutions de l’État.
Mais les vents de la vérité ne soufflent pas toujours dans le sens des corrompus. Les récents rapports publiés par la Cour des comptes ont agi comme une gifle pour ceux qui croyaient que leur tour viendrait, révélant que le système de corruption commence à se fissurer de l’intérieur et que l’ère de l’impunité touche à sa fin.
Alors seulement, leur discours a changé ; ceux qui, hier, convoitaient les sièges des corrompus murmurent aujourd’hui, stupéfaits : « Comme si les corrompus ne prospéraient jamais… »
Ils ont compris — mais trop tard — que la fonction publique n’est pas un butin, et que le fauteuil bâti sur la tromperie et la mauvaise foi se transforme vite en malédiction pour celui qui s’y assoit. Tout responsable qui s’enivre de pouvoir sans conscience creuse sa propre tombe morale.
Ce que les rapports ont mis en lumière ne se résume pas à de simples chiffres couchés dans des bilans financiers, mais constitue le témoignage d’une époque d’irresponsabilité et de mépris du droit, où l’allégeance primait sur la compétence, et l’intérêt personnel sur le bien commun.
Aujourd’hui, alors que la justice commence à atteindre des noms jusque-là jugés intouchables, les masques tombent et les voix hypocrites se taisent.
Il est temps que chaque fonctionnaire et chaque responsable comprenne que la fonction publique est un devoir, non un privilège, et que la gestion des ressources publiques est un honneur, non un chemin vers l’enrichissement illicite. Un État fort ne se construit pas sur l’habileté des corrompus, mais sur la conscience des intègres.
Nous sommes à présent à la croisée des chemins : ou bien nous tirons les leçons du passé pour restaurer la confiance dans nos institutions, ou bien nous persévérons dans le cercle vicieux de la corruption, jusqu’à ce que ne subsistent dans l’administration que la peur, le silence et la désillusion.
Quant à ceux qui guettaient les postes avec impatience, qu’ils sachent que l’Histoire n’oublie jamais, et que la justice — même lente — finit toujours par parler : Comme si les corrompus ne prospéraient jamais.
Brahim Ould Saleh
Ancien conseiller au CSA


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