
La saisie des motos non-immatriculées : une mesure plus que nécessaire
Des centaines de motos de toutes marques encombrent la circulation à Nouakchott. Beaucoup d’entre elles sont conduites par des hommes cagoulés qui commettent quotidiennement des actes illégaux. Auparavant, les autorités n'accordaient pas d'importance à ce type de véhicules, considérant qu’ils étaient des nécessités pour des citoyens dénués d’autres moyens de transport. Ces motocyclettes étaient de marques classiques et ne portaient généralement pas de plaques d'immatriculation. C’est ce laisser-aller qui a engendré la grande anarchie vécue actuellement. Des centaines de motos de toutes marques et de tout calibre ont envahi le marché. Auparavant, seules les forces de sécurité (police et gendarmerie) en utilisaient ; essentiellement des grosses cylindrées. Depuis, leur usage s’est vulgarisé, perturbant d’autant plus la circulation qu’elles sont toujours le plus souvent dépourvues de plaques d’immatriculation. Aujourd’hui, moins de deux cents en sont équipées et restent donc inidentifiables par les services de sécurité. Avec de graves conséquences sur le taux de criminalité qui a nettement grimpé à Nouakchott et dans ses environs...
Le vol de sacs à main par des motards au visage masqué a commencé à se développer à partir de 2019. Cibles alors privilégiées : les femmes aux alentours des marchés, les vendeurs de cartes de recharge et autres fournisseurs de devises. Puis le braquage s’est généralisé à tous les passants, brusquement, sinon (très) violemment, détestés de tout, sous la menace d'armes blanches et parfois de pistolets. C’est en 2022 que fut neutralisée la première bande motorisée et il s’avéra que son chef et la majorité de ses membres étaient de nationalité étrangère. Ils furent déférés puis écroués et leurs motos saisies puis placées sous scellés par le tribunal.
En 2023, plusieurs autres bandes furent arrêtées par la police, après toute une série d’agressions et braquages dont celui perpétré tout près de la Direction Générale de la Sûreté (DGS). Une pauvre femme qui tenait seule sa boutique avec son bébé se vit même obligée de remettre tout l’argent qu’elle possédait à de tels truands qui menaçaient de tuer son enfant ! En Mai 2024, deux autres de ces lascars au visage masqué tamponnèrent intentionnellement un vélo conduit par un gosse, non loin du carrefour Tin Soueïlim, avant de disparaître. Leur moto était aussi sans plaque...
Plusieurs bandes de trafiquants de drogues et autres stupéfiants utilisent également des motos pour la vente de leurs produits. Notamment à Mellah, Médina R, Sebkha, El Mina, Basra et Riyad où des dizaines de ces engins conduits par de jeunes hommes passent la journée à distribuer haschich et autres poudres blanches dans les rues et maisons... L'alcool et le Soum-Soum sont eux aussi livrés de même, au nez et à la barbe des policiers impuissants.
Réaction tardive des autorités
Il y a quelques mois, les autorités ont décidé de mettre fin à cette pagaille. Elles ont alors lancé une campagne médiatique afin que chaque moto soit désormais immatriculée. Seules quelques rares utilisateurs, notamment ceux employés au « Towsil » (transport rapide de colis) ont répondu à cet appel. Des centaines de motos anonymes et suspectes sont ainsi restées en circulation. La police a mené des recherches qui ont pu en arrêter quelques-unes mais l’insécurité demeurait cependant en trop de quartiers de la ville.
C'est lorsque la menace sécuritaire aux frontières s’est précisée – diverses bandes armées au Mali se déplaçant à moto – que les autorités ont enfin décidé d'interdire, jusqu'à nouvel ordre, ce type de véhicules. La police a commencé à les saisir à Nouakchott pour les placer en fourrière. Plus de mille motos ont été ainsi interceptées en quelques jours. Et il est probable qu’il en reste un certain nombre douteuses, leur propriétaire ayant eu « l’intelligence » de les garder hors de vue jusqu'à ce que la situation se dénoue. Cela dit, seules 78 des engins saisis étaient en règle…
Le ministère de l'Intérieur a publié un communiqué donnant les détails des formalités à accomplir afin de récupérer les machines placées en fourrière. Il y a une grille d’obligations à observer pour celles appartenant à des sociétés et une autre pour les particuliers qui doivent, chacun, communiquer une copie de sa carte d'identité ou passeport. Il doit aussi déposer des photos récentes et donner une adresse confirmée par une facture d'eau ou d'électricité. Ensuite, le ministère des Transports se chargera d'enregistrer ces données et de numéroter la plaque de la moto. Malgré le retard inconsidérément accumulé, ces mesures sont d'une importance capitale pour la sécurité publique et tous les citoyens responsables ont le devoir de dénoncer toute moto inconnue ou suspecte.
Mosy