
Le Calame : Au cours d’un point de presse tenue avec l’avocat Me Sid’Ahmed Babaly, vous avez déploré l'« arnaque et le chantage » dont est victime un portugais à Nouadhibou. Comment en est-il arrivé là ?
Youssouf Sylla : Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion d'éclaircir cette situation douloureuse d'un homme d'affaires portugais victime d'un chantage inacceptable dans un État de droit.
Le citoyen Vasco Louro travaille depuis plusieurs années avec des partenaires mauritaniens. Ces derniers l’ont chargé, à travers une procuration en bon et du forme de leur réparer leur navire au Portugal ; un équipage de 4 mauritaniens et portugais ont convoyé le navire jusqu'au Portugal et le navire à été remis à un chantier naval pour procéder aux réparations nécessaires. Quelques temps après, le chantier naval a transmis la première facture pour les premières interventions sur le bateau et l'armateur mauritanien n’a pas honoré cette facture. Le réparateur a procédé à la rénovation complète du navire, espérant que l'armateur va s’acquitter du montant global en vain. Il a ignoré, deux ans durant les factures échues. Pire, le portugais a été arrêté à son retour à Nouadhibou et mis en prison, accusé d’abus de confiance par le propriétaire du bateau. Le tribunal lui a exigé le dépôt d'une garantie représentant le prix du bateau, soit 80.000.000 Ouguiyas anciens. Le montant a été réglé par un chèque certifié. Je rappelle au passage que le bateaux avait été acquis à 200.000 Euros auprès d’un autre portugais qui, d'après mes informations, n’a jamais perçu un seul khoums du montant.
En plus le tribunal a demandé à M. Vasco Louro de ramener le bateau en Mauritanie. Arrivé au Portugal, M. Vasco Louro a demandé à l'armateur mauritanien de lui envoyer un équipage et les originaux des documents du navire pour qu’il puisse sortir du port portugais et aucune suite ne lui a été donnée. De retour en Mauritanie, il informe le juge que les gens ne lui ont envoyé ni l'équipage, ni les documents du navire. A sa grande surprise, il fut arrêté, jugé et condamné à 2 ans de prison ferme.
-Vous vous êtes étonnés du fait qu’on refuse à la victime le droit d’aller se soigner conformément à une prescription médicale et après avoir fourni toutes les garanties financières réclamées. N'avez-vous pas saisi la justice?
- Suite à cette dernière arrestation, une caution de 70.000.000 d'ouguiyas lui a été exigée également, il l’honore avec un chèque certifié, il a bénéficie d'une liberté provisoire avec mention qu'il ne doit quitter la Mauritanie qu’après avoir ramené le bateau. Son avocat lui remet le document et lui dit qu’il pouvait aller se soigner parce que souffrant de graves problèmes de santé. Ne lisant pas l’arabe, il décide de voyager. Arrivé à la police des frontières, on lui signifia qu’il ne peut pas sortir du pays. Il se voit imposer par le procureur l’hébergement de 2 policiers dans son domicile. Du jamais vu, il s’agit purement et simplement d‘un abus de pouvoir manifeste. Depuis quand un procureur de la République a le droit d’imposer aux gens d’héberger des policiers chez eux ? Je signale que cet homme dispose d’une usine employant 70 personnes et des appartements à Nouadhibou.
-Quelles peuvent être les conséquences de ce genre de comportement des hommes d’affaires mauritaniens sur l’image du pays alors que les autorités œuvrent à le rendre attractif pour les investisseurs ?
- Pour vous dire la vérité, je ne comprends pas pourquoi vouloir empêcher M. Vasco Louro de voyager alors qu’il est malade et qu’il a donné toutes les garanties nécessaires en plus de deux garants dont l'un s’engage à le faire venir à la première convocation du tribunal et l'autre, à payer toutes condamnations dont les montants seraient supérieures aux garanties déjà remises au tribunal, à moins que sachant le Monsieur malade, les gens veulent le soumettre à un chantage contraire à toute déontologie du droit pour faire fuir les investisseurs de notre pays et faire de la Mauritanie un pays où certains juges sont plus sensibles aux amis ou proches, au détriment du respect du droit.
Pourtant le président de la République a été plus que clair et a exigé des magistrats qu'ils veillent au strict respect du droit, c'est pourquoi je lance un appel à nos autorités pour que ce monsieur puisse rejoindre son pays pour y subir des soins dont il a besoin.
Nous devons veiller à l'intérêt suprême de notre pays et éviter que certains hommes d'affaires qui n'ont d'affaires que la traque d'étrangers, pour les faire venir en Mauritanie et les traduire en justice pour les dépouiller de leurs biens, avec malheureusement la complicité de certains de nos magistrats ne continuent à sévir. Les comportements incontrôlés de ces gens porte un très grand préjudice à l'image de notre pays.
Propos recueillis par Dalay Lam