
A quelques heures de la fête d’Aid El Adha, le marché de bétail du 6e arrondissement (El Mina) est bien achalandé. Les béliers sont venus comme jadis de l’est et du sud du pays. Depuis quelques jours, des cargaisons de moutons sont débarquées tout le long de l’axe allant du carrefour Nancy à celui du château d’eau.
Ce vendredi matin 6 juin, vers 10h, on y rencontre des chefs de familles, hommes et femmes venus de presque tous les quartiers de la capitale pour s’acheter des moutons afin de s’acquitter du rituel du prophète Abraham, à savoir sacrifier le mouton. Le marché est certes achalandé mais les prix sont élevés pour certains. Il faut négocier serré pour s’octroyer un bélier.
Mariam, venue de Kossovo (Riyad) à la recherche d’un mouton se promenait avec difficultés – elle souffre d’arthrose pour débusquer la bonne bête. Elle trouve les prix relativement chers mais se préoccupe de comment elle pourra faire égorger et dépecer son mouton. Faute de quelqu’un capable de lui faire cette tâche, elle devra, indique-t-elle, revenir très tôt le matin pour trouver un spécialiste en dépeçage, après quoi, elle transportera la viande à la maison. « Je me demande comment je pourrai trouver un taxi pour me ramener chez moi », s’interroge-t-elle.
Mohamed, quant à lui, tenait un mouton la corde au cou. Interpelé sur le cout de sa bête, il lache : 130 mille MRO, le client qui l’avait sollicité sourit et continua sa marche. Au bord de la route à la recherche d’un taxi, un jeune venu de Ryad indique qu’il a acheté son bélier à 75 mille MRO avant d’ajouter en souriant : ça vaut le coût, je crois avant de consulter son téléphone qui sonnait.
Non loin de là, Moctar, arrivé de la BMD discute avec un vendeur, Sidi venu du côté de Timbedra. « Les moutons sont chers et les revendeurs n’ont pas de pitié pour les clients », se lamentait-il.
Alors que les clients négocient, de jeunes enfants, cordes en main aident à attraper les bêtes, à leur mettre les cordes au cou et à les conduire vers les voitures stationnées près du goudron. D’autres viennent chercher des clients qui voudraient quelqu’un pour, le jour J, égorger et dépecer les bêtes immolées. En effet, le jour de fête, certaines personnes se transforment en dépeceurs d’un jour. Ils installent des poteaux et dépècent les bêtes des clients. Du coup, ils gagnent quelques quartiers de viande et un peu de sous qu’ils ramènent à la maison. C’est dire qu’un gros business fonctionne autour du marché de bétail, à l’occasion des différentes fêtes religieuses. Beaucoup de femmes viennent offrir le thé et les repas, elles peuvent aussi vendre des cordes, des couteaux, des coupe-coupes et des sacs de ciment usagés pour le transport de la viande. Parallèlement à ces services, les tricycles sont mis à contribution pour transporter des lots de bêtes en direction de certains quartiers de la ville.
Aussi à la veille de la fête, les gares routières sont prises d’assaut par des voyageurs qui partent fêter chez eux. Depuis quelques années, c’est devenu comme une tradition. Il faut rentrer partager la joie avec les familles restées au terroir. La circulation sur les principaux axes routiers devient très dense et à haut risque même. Prudence donc aux conducteurs et bonne fête à tous!