
Sur cette photo on peut voir, deux pêcheurs imraguen remontant leurs filets à épaule remplis de mulets.
Pour ceux qui ne le savent pas : il n’est pas évident d’expliquer ce que signifie "Imraguen". Ce n’est ni le nom d’une tribu ni le nom d’une langue. Imraguen c’est une identité avec une certaine façon de vivre ou encore avec une pratique singulière de la pêche. Selon Marie-Laure de Noray-Dardenne (sociologue et écrivaine française), être Imraguen c’est «appartenir à cet écosystème riche et fragile qui fait du Banc d’Arguin un joyau de la nature... Imraguen signifie celui qui vit au bord de la mer et qui pêche en respectant la nature, sans rien gâter, sans gaspiller… Les Imraguen sont les nomades de la mer. ».
À peine plus d'un millier, les Imraguen sont les seuls autorisés à habiter dans le Parc national du Banc d’Arguin et à exercer la pêche dans ses eaux très poissonneuses. Le Parc abrite 9 villages, dont Iwik, haut lieu d’observation des oiseaux.
Les Imraguen sont connus pour un rituel de pêche traditionnelle fascinant et immuable, entièrement inspiré par les conditions naturelles spécifiques du Banc d’Arguin : une pêche à pied du mulet jaune hautement tactique et responsable. Depuis la rive, lorsqu’un homme repère le passage d’un banc de poissons, les autres entrent dans l’eau avec des filets sur les épaules. En frappant l’eau avec un bâton, ils attirent les dauphins qui constituent alors une barrière et empêchent les poissons de s’enfuir vers le large. Attirés vers la plage, les mulets sont entourés par les pêcheurs imraguen et capturés. Dès sa capture, le poisson est ouvert, nettoyé et mis à sécher par les femmes. Tout le poisson est valorisé, notamment les ovaires de femelles pleines, légèrement salées et séchées pour fabriquer la poutargue et la tête et les viscères, bouillis dans l’eau pour en extraire une huile riche en oligo-éléments et en vitamines, le « dhên ». Ces techniques de transformation représentent un savoir-faire séculaire unique transmis de mères en fille.
Il est important de rappeler que le Parc National du Banc d’Arguin (PNBA) créé en 1976 par le Président Mokhtar Ould Daddah, avec l’appui du naturaliste français Théodore Monod, est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1989.
Source: Chamia Amy- Facebook