Dans  Lettres de Mauritanie (1945-1948), le général Jean Sauzeau livre, à travers une correspondance adressée à ses parents, le témoignage d’un jeune sous-lieutenant de vingt ans affecté au Groupe Nomade de Chinguetti, dans l’Adrar mauritanien. Ses lettres, oubliées pendant des décennies, dévoilent avec sensibilité et humour son immersion dans le monde rude et fascinant du désert saharien, aux côtés de goumiers beyḍanes dont il admire l’orgueil et la dignité.
Au fil des pages, Sauzeau évoque les paysages, les patrouilles à dos de chameau, les relations humaines, mais aussi les tensions latentes de l’après-guerre. L’apprentissage du hassaniya, langue des Maures, devient pour lui un moyen essentiel de compréhension mutuelle.
Un aspect central de son témoignage est l’importance accordée à la lecture dans la solitude saharienne. Il raconte la réception régulière de bibliothèques envoyées au poste, composées de romans populaires et d’ouvrages plus profonds qu’il lit avec avidité. Il cite des auteurs comme Duboc, Jean Esme, Psichari, Gouraud ou Brosset, et partage ses réflexions sur ces lectures qui nourrissent ses pensées, structurent ses journées, et enrichissent son regard sur la Mauritanie.
À travers ce récit ponctué d’anecdotes et illustré de photos d’époque, se dessine le portrait d’un jeune officier curieux, touché par la noblesse d’un monde nomade, et qui fait du désert, des hommes et des livres les fondements d’une véritable expérience initiatique.
 Mohamed Mahmoud Ahmedou dit Gemal