Grève ou crève, kif-kif pour les ouvriers de Zouérate !

5 March, 2015 - 00:59

« Camarades ! Camaraaades ! Camaraaaaaaaades ! Vive tout le monde ! », a l’habitude de lancer Kénemé Demba, délégué syndical. Voilà bientôt plus d’un mois que la grève des ouvriers a commencé. Les grévistes n’ont plus aucun droit d’achat dans les magasins de la SNIM, ni d’être soignés ou de faire soigner leurs enfants à la polyclinique de Zouérate. La société minière a ordonné l’expulsion de quelques familles de leur maison. Tout celui qui grève est menacé de faim. Les rues de la ville sont redevenues nauséabondes car les services de l’Etablissement des Voiries et de Bâtiments (EVB) ne fonctionnent plus. Pour traverser Zouérate, il faut savoir retenir sa respiration ou tenir un mouchoir sur la bouche et les narines.

Pas de paie, ce mois-ci. La SNIM n’a pas effectué de virements pour 3687 clients des banques en place dans la cité minière. 3687 : le nombre exact de grévistes sur les 4200 ouvriers que compte la société. Un mouvement social suivi à donc près de 90%. Le mois de février 2015 à Zouérate est un mois sans pécule : les commerçants, les écoles privées, les boutiquiers du coin, les vendeurs de bétail, les blanchisseurs comme les restaurateurs, vont rester sur leur faim, ce mois. Ils sont obligés de vendre à crédit, pour un mois de plus. Les cadres et maîtrises de la SNIM commencent à montrer de la nervosité.

Dans un communiqué en date du 26 février 2105, la SNIM fait savoir qu’«en tant qu’entreprise étatique, elle a largement bénéficié du soutien de l’autorité publique ». On doit donc entendre comment la direction minière perçoit l’injonction du président de la République à « réduire les coûts de production ». Au détriment de l’électeur pauvre, membre de la masse populaire et, à ce titre, citoyen de seconde zone ? Mais affamer les ouvriers, pour obtenir un très bon bilan financier, est-ce vraiment la solution préconisée par le Président… des pauvres ? Les hautes autorités – là-haut, tout là-haut – de l’Etat doivent intervenir pour désamorcer la crise. Et, au fait, où est passé le maire de de Zouérate, monsieur Cheikh ould Baya ? On ne peut pas vivre d’amour et d’eau (variablement) fraîche… même gratuite.

Sidi ould Bobba

El Haïtt-Est

D.E. Collège 3 – Zouérate