Après une série de réunions-marathons, discussions, communiqués, qui ont failli faire voler en éclats le consensus qui prévalait en son sein ; après avoir fait monter les enchères, avec des préalables presqu’impossibles à satisfaire ; le Front National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU) est revenu « sur terre ». Réuni la semaine dernière, son pôle politique s’est finalement mis d’accord sur un certain nombre de points dont la satisfaction signera le succès du futur dialogue avec le pouvoir. La dissolution du BASEP et l’enquête sur les biens de l’ancien colonel Cheikh ould Baya, sur lesquelles les partis n’étaient pas d’accord, ont été expurgées de la mouture finale. Le sort du BASEP sera discuté au cours du dialogue proprement dit. Quant aux biens dudit colonel, ils resteront là où ils sont, loin des regards indiscrets.
Quel sort réservera Ould Abdel Aziz aux préalables de l’opposition ? C’est, évidemment, la nouvelle question à l’ordre du jour. Certes, il a déclaré qu’aucun sujet n’était tabou et que le dialogue était une ligne de conduite dont il ne s’était jamais départi. Il l’a d’ailleurs répété, mercredi dernier, lors de l’audience accordée aux parlementaires de la majorité. Comme pour les mettre en garde contre toute voix discordante et les préparer, on ne sait jamais, à une dissolution de l’Assemblée nationale. Au cas où le dialogue aboutirait. Certains ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, en exprimant leur crainte d’avoir à se représenter devant leurs électeurs, alors que leurs promesses sont toujours là, béantes, sans ne serait-ce qu’un début de commencement d’exécution. Mais, de cela, le rectificateur en chef n’en a cure. Le Parlement, c’est le sien et les députés, un bataillon à (dé)mobiliser selon les circonstances. Tout le monde revoit encore les députés montant au créneau contre un président démocratiquement élu, au profit d’un général frondeur… C’était en 2008 et ceux-là accouraient à cautionner le coup d’Etat. S’attendre à quoi que ce soit, du moins de positif, de la part de tels « élus » ? Allons donc, un peu de jugeote, tout de même…
Ould Abdel Aziz aura bien raison de les renvoyer, à la première occasion. Mais en a-t-il vraiment l’intention ? Et si tout cela n’était qu’une mise en scène, destinée à occuper l’opinion et la détourner de ses multiples problèmes ; hisser, enfin, l’ex-général putschiste au rang de champion du dialogue démocratique ; ou, plus prosaïquement, tenter de diviser encore l’opposition, comme en 2011 ? Il faut dire qu’il a bien failli réussir. Le FNDU n’était pas loin de partir en lambeaux et, n’eût été la sagesse de certains, le spectacle allait être hideux. L’image d’une opposition divisée, incapable de s’entendre sur un minimum syndical, n’était pas loin.
Mais, bon, la guerre de Troie n’a pas eu lieu. Du moins, pour le moment. Et, côté majorité, on n’entend plus, officiellement, que des « Oui, chef ! ». « A chaque claquement de talons, une intelligence s’éteint », disent les Français… Enfin, bref, ne mégotons pas, tout semble en place pour le bal nouveau. Et pas n’importe lequel : la Rectification de la Rectification ! A moins que, pour finir, un général ne signe… et puis oublie qu’il a signé. Les paris sont ouverts !
Ahmed Ould Cheikh