
Dans un précédent article intitulé « L'invasion continue », j'attirais l'attention sur le danger du phénomène migratoire qui affecte la coexistence pacifique et la stabilité de la Mauritanie. Voilà maintenant notre pays d'hospitalité exemplaire, de l'avis de tous, désormais taxé, dans le discours officiel de certains de nos voisins, de lieu de « mauvais traitement de leurs ressortissants », suite au rapatriement de leurs émigrés en situation irrégulière, conformément pourtant à tous les accords sur la migration clandestine. Ces critiques vont jusqu’à nous imputer l’entière responsabilité de la mort de leurs migrants en mer, insistant sur l'incapacité de la Mauritanie à maîtriser la porosité de ses frontières.
Or ces pays ne sont pas eux-mêmes en mesure d'empêcher le déferlement de leurs propres citoyens vers les meurtrières aventures océaniques ou les empêcher même de venir en Mauritanie. Ceux qui tentent de rejoindre l'Europe par la voie maritime ne sont pas mauritaniens, ils sont originaires de pays à l’Est et au Sud du nôtre. La réalité qui échappe à beaucoup est que ce sont les capitaines d’embarcations sénégalaises de pêche qui offrent leur logistique aux migrants clandestins, eux-mêmes tous étrangers. La Mauritanie n’est en rien impliquée dans ces combines et lui en faire supporter le fardeau est plus qu’un non-sens : une calomnie pure et simple. La question migratoire n’en est pas moins épineuse et dangereuse, nécessitant une vraie coopération régionale et internationale, sans surenchère ni incrimination d'autrui.
Cela dit, pourquoi notre pays devrait-il payer les pots cassés de l'échec des autres en la matière ? Nous devons contrôler tous les excès qui nous nuisent. Nos autorités doivent sortir de leur silence et traiter la question migratoire avec tact, vigilance et rigueur, avant qu'il ne soit trop tard et que la situation n’atteigne un point de non-retour. Une réaction toujours cependant mesurée, attentive, comme dit le célèbre dicton, à « ne pas être délicieux au point d’être avalé, ni amer à celui d’être vomi ». La Mauritanie a ses propres problèmes mais pas la volonté ni la capacité de gérer ceux des autres. Aussi devons-nous tous resserrer les rangs et comprendre que les complots contre notre pays peuvent surgir á tout moment, notamment par la trop facile jonction entre la ficelle raciale et sa sœur migratoire déjà à l’œuvre.
Ceci dit, la révision de tous nos accords autour de la migration s'impose comme une priorité nationale pour passer au peigne fin l’entrée et la sortie des étrangers sur notre territoire. Le salut et l'existence de la Mauritanie en dépendent. Il faut que nos voisins comprennent qu’à trop compter sur la bonté de notre peuple et à continuer de le harceler, ils risquent fort s’en trouver mal et leurs nombreux intérêts en Mauritanie avec. Un choix s'impose : soit traiter la question migratoire dans le cadre du respect mutuel et le bon voisinage, soit se résoudre à accepter que nous prenions toutes les mesures nécessaires à la préservation de notre sécurité et de notre souveraineté menacées par d’incessantes vagues de migrants clandestins qui semblent répondre à des agendas extérieurs.
Mohamed Ahmed Cheikh
Ingénieur de pêche