Des nombreux domaines où l’anarchie règne en maître à Nouakchott, c’est sans conteste le foncier qui tient le haut du pavé. Tout le monde a encore en mémoire la célèbre « poche 10 », située à la jonction entre Tevragh Zeïna et Teyarett, que l’État rasa il y a quelques années. Ceux qui y avaient construit des villas de luxe n’avaient aucun papier prouvant que les terrains leur avaient été officiellement attribués par l’Administration. Des intermédiaires peu scrupuleux leur avaient vendu du vent. Malgré leurs récriminations, l’État était resté ferme et, en quelques jours, le quartier sorti de terre ne fut plus qu’un amas de ruines. La même scène est en train de se reproduire au quartier dit 15 et à la plage. En ce qui concerne celui-là, des citoyens crédules ont acquis des lots dans une zone lotie comme une concession rurale. Là encore, l’État n’a rien voulu entendre. Les propriétaires des maisons déjà bâties devront s’acquitter du prix fort, c’est à dire 37.500 MRO par mètre carré, s’ils veulent que leur situation soit régularisée. Même chose à la plage sauf que, cette fois, toute construction située à moins de cent mètres de la côte passera à la trappe. On ne peut qu’applaudir de telles décisions qui auraient dû intervenir depuis longtemps mais, là où le bât blesse, c’est que ceux qui ont profité de la naïveté de pauvres citoyens n’ont toujours pas été inquiétés. Ils sont pourtant connus de tout le monde et certains d’entre eux ont même pignon sur rue. C’est par là que devait commencer l’opération pour éviter que de telles arnaques se reproduisent. Se conclura-t-elle sur un tel radical assainissement ? Ce serait de fort bon augure : mieux vaut tard que jamais…
Ahmed ould Cheikh