Bien que le Thanksgiving, l’une des plus grandes fêtes aux États Unis coïncide avec le 28 novembre, Muritanie Min Njejjitta (MMN) et la Diaspora n’ont pas dérogé á la tradition d’honorer les membres des forces armées nationales lâchement exécutés le 28 novembre, 1990. En effet, ils ont organisé une double commémoration - pour ces martyrs, et rendre un hommage bien mérité á Mère Houleye Sall qui fut la conscience morale et le ciment du mouvement des veuves pour la justice. Avec sagesse et détermination, elle a su stratégiquement guider ces Amazones de la dignité humaine pour porter la flamme de la lutte au plus haut niveau. N’acceptant jamais un non pour une réponse, ces Amazones, connues pour leur courage et leur détermination, sont plus que confiantes dans leur inexorable marche vers leur objectif principal qui est la victoire de la justice sur l’impunité. Pour elles, la seule solution qui vaille est l’application des quatre devoirs á savoir le devoir de vérité, le devoir de justice, le devoir de réparation et le devoir de mémoire á travers la justice transitionnelle qui a fait ses preuves dans des situations de grosses violations des droits de l’homme similaires á travers le monde. Si la Mauritanie veut réellement se réconcilier avec elle-même, elle doit faire montre de courage moral et de volonté politique en assumant cette page sombre et tragique de son histoire.
L’État doit comprendre une bonne fois toute que, ni le silence, ni l’inaction, ni le passage du temps ne pourront éponger cette impunité intolérable. Seule et seulement, l’application effective de la justice le peut. Car, « aucune nation ne doit être permise de vivre dans l’ignorance de l’impunité, » comme l’a fait remarquer Thomas Jefferson.
Sortir du silence
Par conséquent, M. Mohamed Ould Ghazouani en tant que président de République doit sortir de son silence et rompre son inaction en répondant á l’appel de justice par des mesures concrètes de nature á essuyer les larmes des veuves et des orphelins qui n’ont que trop duré. De même, M. Mohamed Ould Meguett, président de l’Assemblée nationale devenu le visage de l’impunité en Mauritanie, contre qui pèsent de sérieuses allégations est interpellé par cet appel. En raison des pouvoirs que lui confère sa fonction, il a une opportunité historique d’introduire une proposition de loi abrogeant la loi d’amnistie no 93-23 du 14 juin 1993, qui protège les auteurs de ces crimes odieux (qui comportent toutes les caractéristiques du crime de génocide) de répondre de leurs actes. Ce faisant, non seulement il aura donné une chance aux victimes et leurs familles de faire valoir leurs droits á la justice, mais il aura l’occasion de se blanchir des allégations portées contre lui. Autrement, les nuages vont persister.
Comme á l’accoutumée, le programme a commencé avec une prière d’ouverture suivi d’un mot de bienvenue d’Aissata Niang, présidente de MMN. Ensuite ce fut le poignant témoignage de l’ex-lieutenant Mansour Kane, survivant de la torture. En tant que témoin oculaire, « j’ai senti, j’ai entendu, j’ai vu et j’ai vécu ce qui s’est passé dans la nuit lugubre du 28 novembre 1990, » a- t-il dit avec une émotion étouffée dans une sale enveloppée dans un silence de mort. Il a décrit dans les détails l’enfer qu’ils ont vécu durant cette nuit-là. Une nuit indescriptible qui ressemblait á la fin des temps. Aussi, l’audience a entendu Youssouf Athie qui, à travers son témoignage, a exhorté la jeunesse á s’engager davantage en vue de prendre la relève. Ce qui a amené l’audience á porter une attention accrue aux témoignages des orphelins.
Lourde responsabilité
Dans ce cadre, par son témoignage, Mamadou Wele, orphelin d’Ousmane Wele a profondément ému la salle, en rappelant le dernier conseil de son père : « écoute ta mère et occupe-toi et prends soin de tes frères et sœurs. » Il se rappelle bien ce conseil, alors que qu’il n’était seulement âgé que 9 ans. Une responsabilité trop lourde pour ses petites épaules encore trop frêles. Maitrisant ses émotions, il a poursuivi : « nous avons vu nos mères mettre leurs bébés au dos pour aller chercher de quoi nourrir leurs enfants pendant qu’elles se battent pour leurs maris victimes de l’injustice. » Leur seule option est de continuer cette mission jusqu’au bout. Abondant dans le même sens, Baidy Ly et Mohamed Ly, orphelins de Mamadou Ly ont exprimé sans équivoque leur engagement á poursuivre la mission déjà entamée. D’une manière générale, les orphelins ont sincèrement remercié leurs mères pour les énormes sacrifices consentis malgré les multiples défis. « Maintenant que nous sommes sont grands, nous sommes prêts á prendre la relève, » ont-ils déclaré.
La cérémonie s’est conclue avec une présentation de Mother Houleye Human Rights Awards dont les récipiendaires sont :
-Mansour Kane, Human Rights Leadership Award
-Cheikhna Diakite, Community Philanthropism Award
-Houleye Thiam, Human Rights Leadership Award
-Abderrahmane Samba Ba, Justice & Accountability Award
En guise de rappel, Mother Houleye Human Rights Awards sont des prix décernés annuellement á des personnes qui, par leurs actions, se sont fait distinguer dans la lutte pour rendre la vérité et la justice, tant attendues, aux victimes et á leurs familles.
Enfin, MMN remercie vivement tous ceux qui ont répondu á son appel, plus particulièrement á ceux qui sont venus de loin, notamment, Chicago, Columbus, Philadelphia et Baltimore. Par la même occasion, elle remercie les organisations des droits de l’homme et de la société civile ainsi que les leaders politiques et les élus qui à l’unisson ont donné un cachet particulier á l’évènement aussi bien au niveau national qu’au niveau de la diaspora. Mention spéciale aux jeunes et aux femmes qui ont courageusement occupé le terrain pour imposer de la Voix de la Justice. Aussi, MMN se félicite-t-elle de l’ampleur grandissante de l’évènement au fur et á mesure que les années se succèdent.
Bakary Tandia, Human Rights Advocate
New York 28 November 2024
La Justice ou la mort, nous vaincrons. La lutte continue !