Des dizaines de milliers de livres, d’articles et autres commentaires de presse ont été écrits pour dénoncer les agissements criminels de l’Etat hébreu, notamment à Gaza et en Cisjordanie.
La quasi-totalité de ces écrits pourfendent et blâment l’entité sioniste. La violence inouïe et les massacres perpétrés par l’armée et les colons israéliens contre les populations civiles innocents, ont bouleversé les consciences un peu partout dans le monde.
En dépit de cette levée de boucliers pour que la justice et la morale prennent le pas sur ces agissements d’un autre âge, Israël n’a jamais dévié d’un iota de son œuvre génocidaire dans les territoires occupés.
Recadrer le débat
En effet, "en Palestine, la politique de colonisation et d'épuration ethnique commencée à la fin du XIXe siècle, s'est accélérée en 1948 avec la création de l'Etat d'Israël, la Nakba (la catastrophe) pour les Palestiniens. Elle a entraîné, entre 1947 et 1949, la destruction de plus de 500 villages palestiniens, de nombreux massacres (dont le plus connu est celui de Deir Yassine) et l'expulsion de plus de 800.000 palestiniens, qui se réfugieront à Gaza, en Cisjordanie et dans les pays limitrophes, en Jordanie, en Syrie, en Irak et au Liban. Chassés de leur terre, rejetés par tous, privés de leurs droits fondamentaux, plus de cinq millions de réfugiés palestiniens s'entassent depuis 60 ans dans des camps, gardant avec eux, les clés de leurs maisons (aujourd'hui détruites ou habitées par des familles juives) et l'espoir de retourner sur leurs terres.
Mais les occupants juifs ont toujours refusé de reconnaître aux Palestiniens le droit au retour, malgré la résolution 194, votée par l'Assemblée Générale de l'ONU, le 11 décembre 1948.
Ainsi l'Histoire continue, impitoyable, pour les réfugiés palestiniens mais aussi pour les Palestiniens vivant à Gaza, en Cisjordanie et dans les territoires occupés en 1948. Incursions, fouilles et arrestations de civils palestiniens, emprisonnements et tortures des résistants, spoliation, occupation et colonisation des terres palestiniennes, tel est le vrai visage de cet Etat raciste appelé Israël[1] ».
Nous reproduisons, ci-après, de larges extraits d'un document qui a le mérite de faire la genèse de la politique d'Israël en Palestine occupée. Ce document très fouillé traite du nettoyage ethnique comme constante de la politique de l'Etat hébreu.
Au lieu de le réécrire, nous avons tenu à le restituer tel quel.
Un historien anticolonialiste israélien témoigne :
"On ne peut pas comprendre ce qui se passe aujourd'hui à Gaza si on ne le situe pas dans la logique de la création de l'Etat d'Israël. Si vous en doutiez je vous recommande la lecture de l'ouvrage terrible de l'historien anticolonialiste israélien Ilan Pappé intitulé : "Le nettoyage ethnique de la Palestine"[2].
Ainsi, depuis cet angle de vue, on comprend que ce qui se passe dans la bande de Gaza aujourd'hui n'est qu'un épisode d'une sinistre saga commencée avec le sionisme et qui a pris forme dans la tête de celui qu'Ilan Pappé nomme "l'architecte", le bâtisseur de l'Etat juif en Palestine et qui n'est autre que Ben Gourion.
Pour Ben Gourion, l'objectif était simple : faire de la Palestine un Etat juif et pour cela chasser tous les palestiniens qui y vivent. Dès 1942, c'est-à-dire 6 ans avant la création de l'Etat d'Israël, Ben Gourion déclarait publiquement que les sionistes revendiquaient toute la Palestine. En 1948, il déclarait à l'exécutif de l'Agence juive : "Je suis pour le transfert, il n'y a là rien d'immoral". Par transfert, il entendait bien sûr le déplacement, de tous les Arabes, hors de la Palestine historique. C'est ce qu'il a entrepris avant même le 15 mai 1948 date de l'annonce de la création de l'Etat d'Israël. En effet, dès le 10 mars 1948, le plan ("Daleth" en hébreu) était parachevé et son exécution ordonnée. Si bien que trois mois avant la création officielle de l'Etat d'Israël, les juifs sionistes avaient réussi à expulser 200.000 Palestiniens hors de leurs terres et maisons. Ben Gourion est devenu premier ministre de l'Etat d'Israël en 1948 et a dicté (sauf pendant une courte suspension) la ligne de conduite au pays jusqu'en 1963. C'est lui qui a créé la Tsahal et aussi… le Parti Travailliste.
(…) Sauf peut-être entre 1993 et 1995 avec Itzak Rabin, qui l'a payé cher puisque il a été assassiné par un israélien juif d'extrême droite, depuis 1948, la politique suivie par les gouvernements successifs n'a dévié d'un iota : appropriation de la terre et transfert, c'est-à-dire le déplacement des Palestiniens et ce par tous les moyens, jusqu'aux crimes de guerre comme à Naplouse et Jenine en 2002, comme à Gaza, en février-mars 2008, pour ne citer que les plus connus. C'est ce qu'Ilan Pappé caractérise de "nettoyage ethnique », lequel est qualifié de Crime contre l'humanité par les traités internationaux et la Cour Pénale Internationale de Justice (CPI).
(…) Concernant la politique de répression ouverte, il est facile de démontrer qu'elle n'a pas fléchi même si les médias en atténuent en permanence la gravité. Saviez-vous que depuis septembre 2000, date de la deuxième intifada, 6.200 palestiniens dont 941 enfants ont péri assassinés ? Que depuis la conférence d'Annapolis, fin novembre 2007, jusqu'au début mars 2008 en trois mois, il y a eu, pour la seule bande de Gaza 365 palestiniens tués dont 33 enfants et bébés et plus de 325 blessés ?
Concernant les prisonniers politiques qui sont une constante de la politique de répression : il y a actuellement 11.000 prisonniers dans les prisons israéliennes dont 111 femmes et 355 enfants, oui vous avez bien lu : 355 enfants de 13 à 18 ans sont actuellement emprisonnés. Pire, le rapport du Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU en date du 24 mars 2008 (dont sont tirées toutes ces données), mentionne explicitement que sur les 7.000 enfants qui ont été emprisonnés depuis 2000, 99% d'entre eux ont été soumis à la torture. Saviez-vous que depuis 1967 ce sont plus de 700.000 palestiniens qui sont passés par les prisons israéliennes ?
Il faudrait parler du Mur de l'apartheid condamné par la cour internationale de justice en 2004. Il s'étend déjà sur plus de 300 km et mesure plus de 7 m de haut. Ce Mur vole aux Palestiniens les meilleures terres et les ressources hydrauliques les plus riches.
Il faudrait parler des check-points qui curieusement ont été mis en place par l'armée d'occupation pendant la période d'Oslo. Il y a aujourd'hui 561 barrages militaires et check-points, ce qui correspond à une augmentation de 50% depuis 2005. Ce quadrillage qui détruit radicalement toute vie sociale et économique est l'arme principale du sociocide.
Il faudrait parler de la colonisation continue : pour le seul trimestre fin 2007, 2.500 unités de logements ont été construites ! Le plan de colonisation dans Jérusalem et à Jérusalem-est prévoit 7.500 unités de plus…
Il faudrait aussi parler des violations des droits de l'Homme, des assassinats ciblés, des punitions collectives, etc. Voilà autant de preuves qui attestent que la Naqba continue" [3]!
Stopper Israël ? On peut toujours rêver
Ce qui se passe en Palestine donne le haut-le-cœur. Il s'agit d'une situation probablement unique dans les annales de l'histoire de l'humanité.
Jamais un peuple arguant de liens territoriaux qui remontent à la nuit des temps – si tant est qu’ils n’aient jamais existé – n'est venu chasser un autre de ses terres alors qu'il y est établi depuis des millénaires.
Jamais un peuple n'a subi et enduré autant d'injustices, d'humiliations, de persécutions et de violences de toutes sortes de la part d'un usurpateur.
Jamais la communauté internationale n'est restée aussi impuissante devant un conflit comme elle l'a été devant le conflit israélo-palestinien.
Jamais les grands de ce monde qui de par leur puissance militaire et économique ont vocation à veiller sur la bonne marche du monde ne se sont montrés aussi petits devant l'arrogance et l'intransigeance d'Israël en Palestine occupée.
Jamais la légalité et la légitimité internationales n'ont été bafouées à un tel point.
Jamais la morale, la justice et l'équité n'ont été autant mises à mal.
Jamais des adolescents armés de pierres, n'ont affronté, génération après génération, une machine de guerre apocalyptique comme celle de l'armée israélienne.
Jamais la connivence avec l'occupant sur fond de pleutrerie de certains régimes arabes n'a été aussi honteuse et aussi vile.
Jamais ces dirigeants n'auront, pour de petites miettes, ici ou là, autant sacrifié et sali l'honneur et la dignité de leurs peuples.
S'agissant de ces gouvernements arabes, comment, devant un spectacle aussi affligeant qu'infâmant, ne pas se remémorer et répéter avec le poète arabe ce vers : "Une divinité sur laquelle pissent les chacals? Avili soit celui sur qui pissent les chacals "[4].
Depuis plus d'un demi-siècle, le peuple palestinien martyr est livré, sans défense, à la férocité et à la cruauté des gouvernants d’Israël : arrestations arbitraires, tortures, assassinats, vol de terres, vol de l'eau, implantations massives de colonies de peuplement, judaïsation à marche forcée… Entre-temps que font les Arabes, les Musulmans et la communauté internationale ?
Rien. Absolument rien. Pour se donner bonne conscience quand l'opinion publique est en émoi ou que la rue arabe, en ébullition, menace de briser les digues derrière lesquelles elle est enfermée depuis des lustres, remettant en cause ainsi la pérennité de certains régimes arabes inamovibles, des "pourparlers de paix" sont organisés, ici ou là, et à peine la tension retombée, on revient à la case départ.
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[1]. Sabra et Chatila : Un des nombreux massacres commis par l’Etat colonial d’Israël, Comité Action Palestine, septembre 2008.
2. Ilan Pappé, le nettoyage ethnique de la Palestine, Editions Fayard, Paris 2008
3. Le nettoyage ethnique comme constante de la politique de l'Etat israélien,
CC/PPP 34, 9/4/2008.
4. لقد ذل من بالت عليه الثعالب