La vidéo publiée par l’artiste Longue Longue est un signal d’alarme. Elle révèle l'ampleur des violations des droits de l'homme et met en lumière un système qui tolère, voire encourage, la violence à l'encontre de ceux qui osent exprimer des opinions divergentes. Ces actes de torture, exécutés sous le prétexte fallacieux de protection du système, sont en contradiction flagrante avec les lois nationales et les engagements internationaux du Cameroun. Le fait de revêtir l’uniforme de militaire, de policier ou de gendarme ne doit jamais signifier cautionner ou légitimer ces pratiques, qui portent atteinte à la dignité humaine.
Selon l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme, tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, incluant la liberté de rechercher, recevoir et diffuser des informations. Ce principe fondamental est également inscrit dans la Constitution camerounaise, qui garantit la liberté de pensée et de communication. Pourtant, ces droits sont systématiquement violés, comme le montrent les récents événements. L’article 7 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, que le Cameroun a ratifié, interdit formellement la torture et les traitements inhumains ou dégradants. Ces abus, loin de contribuer à la sécurité nationale ou à la cohésion sociale, alimentent la peur et l’instabilité dans un pays déjà fragilisé.
À la vue de cette vidéo, il est impossible de ne pas imaginer les souffrances qu’a endurées le journaliste Martinez Zogo avant sa disparition tragique. Les similitudes entre ces cas mettent en lumière un problème systémique de répression des voix dissidentes. Il est impératif que des mesures soient prises pour garantir le respect des droits de la personne, car toute tolérance envers de telles pratiques met en danger la cohésion nationale et renforce la défiance des citoyens envers l’État.
Les obligations du Cameroun face au droit international et aux conventions africaines
Le Cameroun, en tant que membre de l’Union africaine, est également tenu de respecter les dispositions de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples, qui stipule dans son article 5 que « toute forme d’exploitation et de dégradation de l’homme, notamment la torture, les peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, est interdite». Cette charte, qui lie juridiquement le Cameroun, impose à l’État l’obligation de protéger tous ses citoyens contre de telles violations. La Cour africaine des droits de l'homme et des peuples a réaffirmé à plusieurs reprises l’importance du respect de ces droits dans ses décisions, soulignant que la torture ne peut être justifiée en aucune circonstance.
La Constitution camerounaise elle-même, dans son préambule, consacre la protection des libertés individuelles et des droits fondamentaux. Elle garantit notamment le droit à la vie, à la dignité humaine, à la liberté d'expression et à la liberté de ne pas être soumis à des traitements cruels ou inhumains. Or, les récents actes de torture et de répression démontrent que ces garanties constitutionnelles ne sont pas respectées, mettant en péril l'État de droit et la stabilité sociale.
La nécessité d’une Commission nationale contre la torture
Face à la gravité des violations des droits humains, il est essentiel que les autorités camerounaises prennent des mesures immédiates et tangibles. La mise en place d’une Commission nationale indépendante contre la torture représenterait une étape cruciale pour restaurer la confiance du peuple dans l'État et ses institutions. Une telle commission aurait pour mission d’enquêter de manière indépendante sur les allégations de torture et de mauvais traitements, et de veiller à ce que chaque citoyen, qu'il soit accusé ou condamné, soit traité avec dignité et conformément aux lois nationales et internationales.
Cette initiative ne serait pas simplement symbolique. Elle montrerait l’engagement du Cameroun à se conformer à ses obligations internationales et à garantir les droits de chaque citoyen. La création d’une telle commission pourrait également contribuer à restaurer la crédibilité du pays sur la scène internationale, en démontrant sa volonté de mettre fin à l’impunité et de réformer un système qui a toléré trop longtemps la répression et la violence.
Conclusion : un appel à l’action pour garantir la justice et la dignité humaine
Le Cameroun se trouve à un carrefour décisif. Pour que le pays puisse surmonter les crises actuelles, tant au niveau sécuritaire qu’au niveau des droits humains, il est essentiel que des réformes profondes soient engagées. L’État ne peut continuer à justifier la torture et les abus de pouvoir sous couvert de sécurité nationale. Au contraire, c'est en garantissant les libertés fondamentales et en protégeant les droits de l’homme que la paix et la stabilité pourront être assurées.
Nous appelons les autorités camerounaises à agir rapidement en mettant en place des mécanismes efficaces de protection des droits humains, notamment à travers la création d’une Commission nationale indépendante contre la torture. Ce n’est qu’en rétablissant la justice, la dignité et la liberté d’expression que le Cameroun pourra bâtir une société plus juste et prospère. Car une nation ne peut prétendre à la stabilité tant que ses citoyens vivent dans la crainte de ceux qui sont censés les protéger.
Paris, le 23 /10/ 2024
Président de Solidarité Africaine de France
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