L’ouvrage “Mauritanie, chroniques des sables mouvants” d’Abdel Kader Ould Mohamed, publié chez l’Harmattan en 2018, est une analyse critique de l’évolution socio-politique de la Mauritanie. L’ouvrage se distingue par une combinaison d’anecdotes personnelles et de réflexions sur l’instabilité structurelle du pays depuis son indépendance en 1960. Abdel Kader Ould Mohamed, acteur et témoin des bouleversements politiques mauritaniens depuis la fin des années 70, dépeint une Mauritanie piégée entre tradition et modernité, tout en explorant les luttes de pouvoir, les tensions internes et les dynamiques géopolitiques.
L’auteur aborde des thèmes récurrents dans l’histoire contemporaine mauritanienne, tels que les coups d’État, l’usage politique de l’islam, les contradictions ethniques et l’unité nationale. Il s’interroge sur la viabilité de l’État mauritanien et souligne la difficulté d’une intégration réelle de la notion d’État dans une société marquée par la mobilité des nomades et les particularismes régionaux.
Analyse des principaux thèmes :
1. L’instabilité chronique du pouvoir : Le coup d’État de 2005, qui a renversé le régime en place, marque un tournant dans la réflexion de l’auteur. Ce moment de rupture dans la stabilité politique, perçu comme l’aboutissement d’un long processus d’effritement de l’État de droit, expose les limites du modèle politique mauritanien. AKoM critique la manière dont le pouvoir se transmet de manière autoritaire, évoquant une “morale politique à géométrie variable”.
2. La faillite du PRDS et des régimes précédents : Le Parti républicain démocratique et social (PRDS) est analysé sous l’angle de ses réussites limitées et de ses échecs, notamment dans la consolidation de l’unité nationale et de l’État de droit. L’auteur fait le constat que l’instabilité politique de la Mauritanie a souvent été alimentée par les dérives du pouvoir et l’absence de consensus national.
3. L’usage politique de l’islam : AKoM met en lumière le rôle central de l’islam dans la légitimation du pouvoir en Mauritanie. Il critique l’instrumentalisation de la religion à des fins politiques, un thème récurrent dans l’histoire mauritanienne, où l’islam est souvent utilisé pour justifier des politiques de division et de contrôle.
4. L’unité nationale : L’un des fils conducteurs de l’ouvrage est la question de l’unité nationale, qui reste inachevée en Mauritanie. Les tensions ethniques, en particulier entre les communautés arabes et africaines, sont une source majeure d’instabilité. AKoM appelle à repenser cette unité dans une perspective inclusive, afin de surmonter les divisions historiques qui minent la cohésion du pays.
5. L’évolution lente de l’État de droit : Selon AKoM, la lenteur des réformes visant à renforcer l’État de droit est une des raisons principales de la crise politique mauritanienne. Il décrit une élite politique prisonnière des “sables mouvants”, un environnement instable où les intérêts personnels prennent souvent le pas sur l’intérêt national.
En somme, Abdel Kader Ould Mohamed livre un regard lucide et sans complaisance sur la Mauritanie moderne. Ses chroniques, marquées par une grande liberté de ton, offrent une réflexion nécessaire sur les fondements de l’État mauritanien, en s’attaquant aux contradictions internes qui empêchent sa stabilisation. Le triptyque “Islam-unité nationale-État de droit” que l’auteur propose comme cadre de réflexion offre une grille de lecture pertinente pour comprendre les défis que doit surmonter la Mauritanie.
« Ambiguïté délibérée » : voilà comment Ehoud Barak, alors ministre de la Défense de l’entité sioniste, désignait, en 2010, la stratégie nucléaire de son gouvernement ; « une bonne politique, en entente totale avec les États-Unis », tenait-il, sibyllin, à préciser.