Après les inondations qui ont frappé son pays en Juillet dernier, entraînant d’énormes dégâts et la mort de près de quatre mille personnes, Kim Jong-Un, l’inénarrable président de la Corée du Nord, a affirmé, dans le train le ramenant de sa visite des lieux accablés, que « ceux qui ont causé des pertes inacceptables devraient être strictement punis ». Dans la foulée, plusieurs personnes avaient été limogées, à commencer par le gouverneur de l’État inondé. « Entre vingt et trente dirigeants de la zone sinistrée », a rapporté le média chinois TV Chosun le mardi 3 Septembre, « ont été depuis condamnés à la peine capitale pour corruption et manquement au devoir ». Ils auraient tous été « abattus », à la fin du mois d’Août, pour « n’avoir pas empêché les dégâts causés par les inondations ».
Au moment où plusieurs régions de notre pays sont submergées par les eaux du fleuve Sénégal, a-t-on sanctionné un seul responsable ? L’a-t-on jamais fait pour des faits autrement plus graves ? D’où la question : l’impunité n’est-elle pas la source de tous nos maux ? Combien de fonctionnaires véreux ont pillé sans vergogne nos maigres ressources au vu et au su de tous, sans susciter la moindre réprobation ? Quand un (ir)responsable passe, en quelques mois, du statut de locataire d’une maison modeste dans un quartier périphérique à celui de propriétaire d’une villa cossue dans un quartier chic, entourée de voitures luxueuses, comment va-ton l’appeler ? Des cas comme celui-là sont légion. Et quand il arrive qu’un malchanceux tombe dans les filets, il ne tarde pas à se relever, grâce à toutes sortes de mécanismes, familiaux, tribaux, régionaux ou amicaux. Rien n’est plus éphémère en Mauritanie que la disgrâce. Faut-il faire comme Kim Jong-Un : les liquider pour qu’ils ne rebondissent plus ? Rien n’indique cependant qu’après leur mort, ils ne ressusciteront pas… tant ils ont la peau dure.
Ahmed ould Cheikh