Quand le président éternue, l’Exécutif s’enrhume et « la Majorité » gesticule. Depuis que le premier des ministres a annoncé, aux députés des deux Hodhs, la visite, à la mi-Mars, du Président, dans cet immense réservoir électoral, c’est tout le microcosme nouakchottois qui tire les ficelles ou les dividendes du jeu politique local en ébullition. Ayant appris la direction de la girouette présidentielle, en tête de peloton, les cadres aux affaires (ministres, walis, ambassadeurs, directeurs…) sont à la manœuvre pour accompagner le mouvement. Rencontres par-ci, collectes par-là… en prélude à la ruée vers le terroir. Une descente aux enfers où chacun veut s’afficher le plus fort, pour s’attirer les grâces de l’illustre hôte.
Mais, sur les objectifs de la visite qui mènera, cette fois, le Président dans tous les chefs-lieux des départements, OuldHaddemine est resté perplexe. Officiellement, il s’agirait de procéder à des inaugurations et autres poses de première pierre de plusieurs projets de développement, dans les secteurs de l’eau (nappe de Dhhar), de la santé, des routes, del’industrie laitière (approbation d’un décret portant fondation d’une usine de lait à Néma). En marge des festivités inaugurales, Ould Abdel Aziz ouvrira le registre des audiences. Occasion d’écouter, à chaque étape du périple,les « Grands Electeurs » (notables, chefs de tribus et autres leaders communautaires…).
Parions qu’il ne manquera pas de satisfaire une partie de leurs doléances, pour s’assurer de leur allégeance. Notre président, qui réitère, à qui veut l’attendre, sa volonté de dialoguer avec le FNDU, multiplie les bonnes intentions, joignant, parfois, l’acte à la parole. Serait-il en train de courir derrière une nouvelle réélection, propre, apaisée et consensuelle, dont le statut et les contours restent à définir? Ou à la pêche d’une sortie honorable qui lui confèrerait plus de crédit ? Aziz veut, en tout cas, s’ériger en rassembleur et parer à toute sale éviction dont les conséquences lui seraient fatales (cf. les malheurs de la dynastie Wade et de l’arrogance de Compaoré). Son mandat, à la tête de l’UA, et le réseau de relations qu’il a pu tisser lui ont ouvert les yeux… sur d’autres horizons. Mieux : aurait-il reçu des promesses, au sein de la cour des Grands qu’il a longtemps courtisée, voire amadouée ? Mais se hisser au rang de personnalité sous-régionale, continentale ou internationale suppose un parcours, sinon correct, du moins corrigé. Notre président se livrerait-il donc à la besogne de balayer devant sa propre porte ? Alors, dialogue ! Mais à quelles conditions ? Dans le camp du pouvoir, on avoue que tous les sujets sont discutables, sans ligne rouge.
Toujours en quête d’une longueur d’avance sur ses potentiels challengers, Aziz sillonna, on se rappelle, en 2009, l’intérieur du pays, pendant que la Communauté internationale parrainait, à Dakar, des négociations de sortie de crise politique, suite au renversement du président élu Sidi ould Cheikh Abdallahi. Rebelote en 2014/2015, où l’ex-putschiste anticipe sa campagne, pendant que l’opposition du « Dialogue-bis » est en pleine discussion d’une position commune, en vue d’arracher, au pouvoir, des garanties qui crédibiliseraient les échéances électorales ? Avec, en vue, la dissolution du Parlement et des conseils municipaux, ainsi que l’organisation d’une élection présidentielle anticipée, précédée, vraisemblablement, d’une démission contraignante, voire contrariante, du Président. Celui-ci est déjà en campagne. Jamais deux sans trois ? A élections anticipées, campagne anticipée. CQFD.
Moustapha ould Béchir
CP Hodhs