Une démonstration manifeste du nationalisme étroit pular opposé au nationalisme chauvin maure.
Tous les historiens réputés pour leur recul scientifique dans la lecture des faits historiques s’accordent sur le constat que le colonialisme français notamment est un colonialisme d’assimilation, un colonialisme visant à écraser toutes les cultures locales de leurs colonies et de les remplacer par la langue et la culture françaises.
Il se trouvait qu’à cet objectif, les peuples concernés avaient opposé une résistance tenace et multiforme pour défendre leur propres cultures.
Face à cette résistance, le colonisateur s’est vu parfois obligé de reculer sur certaines de ses positions. C’était notamment le cas en Algérie et en Mauritanie où il a fini par accepter l’introduction de l’enseignement de la langue arabe sous forme de cours religieux en marge de l’enseignement systématique du français.
Et l’enseignement de l’arabe n’était pas l’exclusivité de l’ethnie maure. Bien avant la colonisation, l’enseignement de l’arabe était pratiqué à une large échelle par les ethnies africaines notamment l’ethnie pular. Elles usaient de l’arabe dans leur quotidien et dans leurs correspondances. Il y avait autant d’écoles arabes religieuses dans les milieux maures que pular, d’ailleurs beaucoup plus dans le milieu pular du moment que dans les collectivités maures non maraboutiques, on s’intéressait moins à l’enseignement traditionnel.
Le colonialisme français a beaucoup combattu cet attachement pular surtout à l’arabe et à son enseignement. Dans un entretien avec Elmarhoum Elhaj Mahmoud Bâ, celui-ci m’avait affirmé que les français n’avaient épargné aucun effort pour limiter voire arrêter l’expansion de ses écoles ‘’Les Écoles Elvalah’’, les écoles arabes religieuses les plus répandues dans la sous-région ouest-africaines. Combien de fois, m’a-t-il dit, ils l’ont emprisonné pour parvenir à leur fin!
Aujourd’hui certains intellectuels négro-africains, notamment pular et en Mauritanie, se démènent pour présenter une lecture biaisée de l’histoire à des fins ethnicistes particulièrement dangereuses. Et, comble de l’ironie, dans leur lecture excessive de l’histoire, ils nous présentent les colons français comme des promoteurs de l’arabe et de l’arabité!!! Je ne sais pas s’ils sont conscients de la part de manipulation coloniale dont ils sont aujourd’hui l’objet!
Cette approche n’exclut pas une sage démarche visant à trouver des solutions à nos problèmes d’ordre culturel nationaux, comme un certain usage cynique de la langue arabe à des fins d’exclusion de certaines de nos communautés nationales.
N B. En Afrique au sud du Sahara, l’arabe et son enseignement n’ont pas besoin d’arabes de souche ou de culture pour les défendre: ils sont jalousement bien défendus par plus de 15 millions de pular disséminés dans une quinzaine de pays africains.
A S Elmoctar