Cela fait au moins quatre décennies que le ministère de l'Éducation nous ressort le même communiqué à la veille de chaque rentrée des classes : « les instituteurs sortants sont priés de se rendre dans l'enceinte de l'ENI de Nouakchott pour être transportés vers les wilayas où ils sont affectés ». Moi, vieil instituteur de la vieille promotion de la fin des années 80, je fus ainsi convoyé selon cette marche à suivre. Juste pour dire que rien n'a encore changé. Peut-être même que les mêmes lobbies de ces opérations « Coup de poing » sont toujours en service. Cette fois, la convocation est pour le 4 Octobre. De mon temps, c'était la Société de Transport Public National (STPN) qui assurait le transfert. Aujourd'hui, c'est la Société de Transport Public (STP). Rien de vraiment nouveau : juste un N de moins. Le convoyage fera l'objet d'une cérémonie nationale à laquelle prendra part une certaine ministre de l'Éducation, sinon de l'Instruction ou de l'Enseignement. Enfin, bref : les enseignants seront transportés, les classes seront ouvertes, les élèves reviendront en vrac, endimanchés de leur tenue scolaire obligatoire, n'en déplaise aux parents qui n'ont pas d'argent.
Autre rituel, les ateliers et sessions de formation. Le projet Éducation qui rime si bien avec des centaines de millions. Il faut bien les former – ou les déformer… – tous ces professeurs des disciplines scientifiques, tous ces inspecteurs/encadreurs/superviseurs/formateurs de proximité ! Les rassembler, voilà l'essentiel ! Pardine, il faut bien justifier les substantiels fonds des partenaires techniques et financiers devenus, depuis beaucoup trop longtemps, beaucoup moins regardants des procédures/forfaitures de nos administrations nationales. Comme les rentrées scolaires, les sessions de formation, ateliers ou séminaires se suivent et se ressemblent. Deux, trois ou quatre jours à siroter un thé généralement mal ouvré – c'est un euphémisme…– à grignoter quelques morceaux de pain ou un simulacre de croissant assorti d'une bouteille de lait « Rose » ; qui ont au moins cette vertu de « faire courir le ventre » de nos messieurs Jourdain nationaux. Nous connaissions le « tagine des garayas ». Voici leur atelier, leur thé, leur formation, leur réforme, leur rentrée, leur sortie... Jusqu'à quand ? Salut.
Sneiba El Kory