L’Association pour le développement communautaire SALAYEL ADC-S) a organisé ce samedi 23 septembre 2024, à Loboudou Ibrahima Ly (Commune de Dar El Barka), une cérémonie de lancement d’un nouveau programme de régénération d’une espèce végétale en voie de disparition à savoir le Celtis integrifolia (ganki en pulaar, bunaya en hassaniya).
Placée sous le Haut-patronage de l’ex-Commissaire de police Ly Mamadou Bocar, la cérémonie a été rehaussée également par la présence de plusieurs notables de la localité dont notamment MM. Ly Djibril Mame, Dr Ly Ibrahima, Ly Mamadou Hamet, Moctar Ali Dia et Yaya Djiby Seck. La troupe artistique SALAYEL était également de la partie pour donner à l’évènement tout l’éclat qu’il mérite.
Selon le Président de l’ADS SALAYEL, M. Abou Bacry Hamet Ly, l’objectif de cette journée est de « sensibiliser les populations sur l’impérieuse nécessité de préserver et de restaurer les écosystèmes terrestres en vue de maintenir les équilibres naturels pour un développement durable ».
La cérémonie de lancement de cet ambitieux programme de régénération des celtis s’est déroulée dans un lieu chargé de symboles c’est-à-dire à proximité du plus vieux « ganki » (celtis) du village. En effet, cet arbre mythique qui croupit sous le poids de l’âge (il aurait vécu 475 ans) est témoin de plusieurs faits historiques marquants. Selon les différents intervenants, c’est sous l’ombre de cet arbre multiséculaire que les émirs du Trarza et du Brakna s’étaient rencontrés pour régler définitivement leur différend. Il aurait également servi de lieu de rencontres et d’échanges entre d’éminentes personnalités politiques ou religieuses telles que le « Laam-Tooro » de Gédé ou le « Ardo » de Mbantou. En plus, il fut l’arbre à palabres des anciens du village de Loboudou mais aussi a abrité une école coranique qui a formé des générations. Enfin, ses feuilles et ses fruits étaient utilisés pour le traitement de plusieurs maladies.
Notons que le celtis integrifolia ou celtis Toka qui appartient à la famille des ulmacées est un arbre de 15 à 20 m de haut avec des branches horizontales plus ou moins retombantes. Son fruit est ovoïde, brun à maturité contenant une graine dure et blanche noyée dans une pulpe sucrée. Comme anti-inflammatoire, il est utilisé contre les maux de ventre et les démangeaisons purulentes. En conséquence, la régénération de cette espèce comme tant d’autres pourrait contribuer largement à la restauration de nos écosystèmes et à l’équilibre écologique.
La plantation d’un scion de cette espèce par l’ex-Commissaire LY, sous les aires musicales de la troupe artistique SALAYEL, aura été le point d’orgue de cette journée marquante dans l’histoire environnementale de ce terroir de la vallée du fleuve Sénégal.
Notons que depuis plus d’une vingtaine d’années, le village de Loboudou, sous l’impulsion de M. Abou Bacry Hamet Ly, est résolument engagé dans le combat pour la reforestation. En effet, cet enseignant de formation traîne une longue et riche expérience dans le développement communautaire. Il a joué un rôle de premier plan dans des activités de reboisement, la construction et la vulgarisation des foyers améliorés, la formation sur les techniques de construction sans bois entre autres. Ces mesures ont permis de restaurer, outre la flore, mais aussi la faune telle les oiseaux autrefois disparus.
L’expérience de Loboudou dans ce domaine a suscité un grand intérêt chez les partenaires au développement. Elle mérite d’être vulgarisée et soutenue par les pouvoirs publics pour qu’elle serve de modèle aux autres villages et communes de la Mauritanie. /
Dia Abdoulaye Alassane