La pêche industrielle serait-elle en train de s’effondrer et avec elles les entreprises nationales, avec des conséquences désastreuses sur l'emploi, les banques, les recettes fiscales et les devises ? Un petit tour d’horizon rapide permet de se rendre compte qu’elle n’est plus loin du gouffre. Jugez par vous-mêmes.
Au début de cette année, quarante chalutiers étaient contraints à l'arrêt en rade de Nouadhibou, faute de rentabilité liée, entre autres, au prix élevé du gasoil. Puis, après diverses négociations qui ont permis d’atténuer ce problème, les bateaux ont repris la mer le 10 Juillet et les recettes se sont légèrement améliorées. Le Port autonome de Nouadhibou (PAN) fait ressortir des arriérés de facturation fantaisistes, sur la base de statistiques de la Garde-côte. Au lieu de confronter les accusateurs et les accusés, le DG du port se contente de bloquer les navires, refusant de collaborer avec la mission envoyée par le nouveau ministre. La mairie a procédé à la fermeture de plusieurs usines avec l'appui du trésorier régional et de la force publique, sous prétexte de recouvrement de la taxe foncière, alors que certaines de ces usines sont agréées au régime des points qui les exonère explicitement de cette taxe, tandis que d’autres ne sont liées que par un contrat de bail avec la Zone franche propriétaire des lieux. La Garde-côte a dérouté des navires nationaux pour un problème de quota, alors que ceux-là sont loin d’avoir atteint le leur. Le quota 2024 du segment « Pêche industrielle des céphalopodes » n’est en effet actuellement consommé qu’à hauteur de 39% et pourrait atteindre 50% à la fin de la campagne : on est donc loin de toute surexploitation. Même les Impôts s’en mêlent en réclamant des arriérés de 2016 qui avaient déjà l’objet d’arrangements à l'époque.
On sent comme un acharnement tous azimuts à couler notre flotte nationale. Dans l’intérêt de qui ? Au moment où les bateaux chinois, turcs et européens se pavanent dans nos côtes et pillent allègrement nos ressources, le ministère des pêches assiste, impassible, à la lente agonie de ce secteur vital.
Ahmed ould Cheikh