La Pêche sinistrée

13 September, 2024 - 18:50

La pêche en Mauritanie est confrontée ces dernières années à une crise multiforme. Le segment de la pêche industrielle est le plus touché. En ce début de 2024, 40 navires chalutiers étaient contraints à l'arrêt en rade du Port de Nouadhibou faute de rentabilité liée entre autres au prix élevé du gasoil. Le renouvellement de la convention d'atténuation des prix du carburant par un mécanisme de préfinancement de la CDD et le remboursement des producteurs par un prélèvement à l'exportation signée le 31 Mai 24 a donné un nouvel espoir aux armateurs. La reprise de la pêche a eu lieu le 10 juillet. Les captures et les prix se sont légèrement améliorés. Le nouveau gouvernement, mis en place avec sa volonté d'aller de l'avant et d'accélérer la croissance et le développement économique, a renforcé l'optimisme de voir les problèmes du secteur résolus. Malheureusement, il est constaté sur le terrain que certaines administrations s'acharnent pour des blocages des navires et des usines en toute anarchie. On peut citer à titre d'illustration :
-Le Port autonome de Nouadhibou qui fait ressortir des arriérés de facturation fantaisistes depuis 2016 sur la base de statistiques de la Garde-côte. Il y a inclus les débarquements de Tanit, de l'Epbr etc. Plusieurs de ces réclamations ont des quitus fournis par les Autorités Portuaires.  Au lieu de confronter avec ses clients pour les convaincre du bienfondé de ses nouvelles, le DG du port se contente de bloquer les navires et a refusé de collaborer avec la mission envoyée par le nouveau MPIPM.

 

Un quota loin d’être atteint

-La mairie a procédé à la fermeture par cadenas de plusieurs usines avec l'appui du Trésorier régional et la force publique sous prétexte de recouvrement de la taxe foncière. Il est à signaler que parmi ces usines certaines sont agréées au Régime des points qui les exonère explicitement de cette taxe foncière. D'autres usines sont agréées au Régime de la zone franche et ont signé un contrat bail avec elle comme propriétaire. Malgré cela et en toute violation de la réglementation, les services de la mairie et le recouvrement du Trésor continuent leur campagne de fermeture par cadenas.
-La garde-côte a elle aussi dérouté des navires nationaux pour un problème de quotas, certains sont en rade de Tanit. Or ces navires disposent bien d'un quota officiel non encore atteint. Il paraîtrait qu'ils se basent sur une circulaire de réajustement pour les besoins statistiques qui n'a jamais conduit à l'interruption de l'activité de production par le passé. Il est à rappeler que le quota 2024 du segment Pêche industrielle des céphalopodes est consommé seulement hauteur de 39%. Ce niveau pourra arriver à 50% à la fin de la Campagne. Donc on est loin de tout risque de surexploitation.
-Le service des impôts de Nouadhibou a lui aussi envoyé des ATD (Avis pour Tiers Détenteurs) pour des arriérés de 2016 sur lesquels des arrangements ont été faits à l'époque. Une décision du ministre des Finances devait sortir pour les retirer du système. Mais on s'est abstenu ces dernières année d'en faire cas.
Il est incompréhensible que le ministère des Pêches ne  bouge pas pour garantir l'exploitation sereine de nos outils de production qui sont les usines et les navires. Il est à rappeler que toute perturbation des activités de la pêche vont se traduire par l'effondrement d'entreprises nationales avec ses conséquences sur l'emploi, les banques, les recettes fiscales et les devises.
On fait appel aux hautes Autorités de l'Etat, messieurs le président de la République et le premier ministre pour secourir notre secteur qui subit un acharnement tout azimut pour l'enfoncer davantage. Apparemment, notre nouveau ministre est dépassé par les vagues malgré que c'est un navigateur professionnel.
 

 

                                                                       Des armateurs citoyens