Nouveau gouvernement : si et seulement si !

11 September, 2024 - 19:09

Voilà qui est fait : le Premier ministre de toutes les attentes a lu sa déclaration de politique générale. Ce texte long et large est la formule canonique par laquelle un chef de gouvernement expose les grands axes de son programme d’actions. Oui, prévisionnel, puisque tout ou presque tout là-dedans est hypothétique. Dans la forme, le coordinateur de l’action de notre gouvernement ne prétend pas inventer la roue. Venu parler devant un parterre de parlementaires convoqués en plénière, il a, sans surprise, fait le plein. Bien habillé, il avait choisi dans sa garde-robe un costume sombre et une cravate contrastant à peine avec le reste. Point de couleur criarde, c’était, disons, responsable. Cela pourrait vouloir dire que celui qui va piloter notre destin – pour on se sait combien de temps… – n’est pas porté outre-mesure sur les choses qui brillent. Accusé de détournement et de malversations dans le sillage de l’ex-Président, il a su se dégager des fourches caudines du juge d’instruction. On est fatalement obligé de l’accréditer d’un préjugé favorable : faute de preuve, il est innocent, le magistrat n’ayant pas fait démontré sa culpabilité.

Coriace devant l’Éternel, sa voix n’a pas chevroté et il a bien gardé son émotion, malgré les regards perçants de ses détracteurs. Certains de ses ministres ne l’aiment pas et il le leur rend bien.  Au détour de son discours fluide et bien lu, il n’a rien oublié de promettre ; monts et merveilles, pourrait-on dire. Dans la foulée, il a dû répondre à des questions probablement pertinentes émanant des rares députés de l’opposition. Ceux de la majorité avaient pour mission de l’acclamer à faire exploser l’applaudimètre. Au bout du compte, le président Ould Cheikh Al Ghazouani ne semble s’être guère trompé : suivant les premiers indicateurs, Ould Diaye est l’homme qu’il faut… peut-être. Car un faisceau de questions se pose : Quoi ? Autrement dit, que s’agit-il de faire ? Le PM l’a amplement déroulé. Avec quoi ? Autrement dit, quels moyens financiers peuvent ou doivent-ils être rassemblés ?  Il va sans dire qu’un budget est toujours fictif… Contre qui ? Autrement dit, qui sont exactement ceux qui veulent faire comme lui et, surtout, la grande armée de ceux qui veulent le voir ne rien faire ?

En tout état de cause et même si « l’homme d’exception » donnait les réponses adéquates, le succès ne sera plausible que si – et seulement si – une bonne gestion des ressources humaines aura été au rendez-vous. Si le nouvel homme fort commence, par contre, à nommer à tour de bras n’importe qui n’importe où, pour arranger tel ou tel parti, tribu ou ethnie, sans exigence de compétences, il ira droit dans le mur... et passera à la trappe, à l’issue de son contrat à durée indéterminé. Alors – Que Dieu nous en garde ! – le pays se retrouverait de nouveau au fond d’une impasse.

 

Brahim Bakar Sneïba 

Écrivain et politiste