Education nationale : Promotion interne interdite 

22 August, 2024 - 17:37

S’il y a une chose sur laquelle tous les Mauritaniens sont d’accord, c’est incontestablement la déliquescence très avancée de notre système éducatif. Cette léthargie date de plusieurs décennies. Depuis la fin des années 80 que ce système bat de l’aile au point que personne n’a jamais plus confiance en lui. N’est pas un indicateur de défiance que les instituteurs, les professeurs et autres fonctionnaires de l’éducation envoient leurs enfants dans les établissements de l’enseignement privé. Les reformes successives déroulées depuis 2000 n’ont visiblement servi à rien. Les problèmes structurels dont souffre le système éducatif sont demeurés en l’état. Le département qui emploie plusieurs dizaines de milliers des fonctionnaires de la fonction publique se débat dans des difficultés inextricables qui ont considérablement impacté sur ses prestations. La baisse du niveau constaté dans tous les ordres de l’enseignement, l’anarchie dans la gestion des ressources humaines, la dévalorisation continue de la fonction enseignante et son abandon par beaucoup de ceux qui l’ont choisie, l’opacité et l’iniquité dans la promotion aux postes de responsabilité du secteur et les mauvaises approches initiées dans la gestion des carrières entre autres sont autant de manquements qui prouvent l’inefficacité du système. C’est depuis quasiment trois décennies que les promesses de reformer l’éducation se suivent et se ressemblent. Les diagnostics sont sans appel : L’école mauritanienne va mal et il ya urgence de la restructurer. Une assertion maintes fois ressassée que les politiques réchauffent et resservent sempiternellement aux populations à l’occasion des campagnes électorales. La reforme du système éducatif n’est visiblement pas un choix stratégique pour la dizaine de gouvernements qui se sont succédé de 2000 à maintenant. La volonté politique de certains présidents ne semble pas non plus évidente. C’est pourquoi la seule éclaircie qui a suscité un grand espoir a été le très bref passage de Madame Nebghouha Mint Haba qui a en quelques mois a laissé des empreintes indélébiles à travers des actions courageuses très concrètes qui ont commencé à impacter positivement le système éducatif. Il faut aussi dire que le passage de Monsieur Melainine Ould Eyih a permis aussi de réaliser quelques avancées dont la révision des programmes, le projet de revalorisation de la fonction de l’enseignant, la restructuration des écoles normales des instituteurs, la systématisation de la gestion des ressources humaines, la production de documents didactiques contenant les leçons modèles et modules de formation des nombreux ateliers organisés au profit des techniciens du département. La reforme de l’éducation s’accomode très mal des parachutages à tort et à travers d’hommes ou de femmes dont les profils n’ont généralement rien à voir avec les exigences minimales que requièrent le pilotage d’un département aussi complexe que celui de l’enseignement. Une question mérite d’être posée. Un constat doit être fait. Pourquoi n’a-t-on jamais ‘’ pensé’’ à coopter l’un des dizaines de milliers de cadres de l’éducation (inspecteurs, professeurs ou instituteurs) pour diriger le département ? Et qu’a-t-on contre la promotion interne de l’un des nombreux chargés de mission ou de conseillers dont certains sont au cabinet depuis plus de vingt ans et ont appris mieux que quiconque à connaître les défis à relever ou du moins à confronter pour procéder aux réglages qu’il faut pour engager les reformes nécessaires pour la Réforme promise? La gestion et le pilotage de n’importe quel département ministériel nécessitent quelques connaissances fondamentales des missions dévolues à celui-ci. Or pour l’éducation nationale que de fois n’a-t-on pas parachuté ministres, secrétaires généraux et autres directeurs généraux d’établissements dont ni la formation ni les qualifications ne prédisposent à cela. Histoire de politique ou de récompense pour bonne conduite et excellents résultats électoraux. Passe. Seulement que la réforme d’un secteur aussi névralgique que l’éducation s’accomode très mal de ces incommodités.

 

Elkory Sneiba