Pour une surprise, c’en est une ! Alors que les supputations allaient bon train sur le choix du Premier ministre qui doit inaugurer le nouveau mandat placé sous le sceau de la jeunesse (si l’on en croit le slogan de la campagne), Ould Ghazouani a pris tout le monde de court. Différents noms ont commencé à circuler dès la fin de la cérémonie d’investiture. Chacun y allait de son pronostic. Mais personne n’imaginait que celui qui a été bombardé il y a un an environ ministre-directeur de cabinet (un poste taillé sur mesures) après avoir traversé le désert pendant près de quatre ans, et qui avait servi corps et âme le pouvoir d’Ould Abdel Aziz, allait rebondir d’une façon aussi spectaculaire. Ould Djay, puisque c’est de lui qu’il s’agit, symbolise en effet, pour une grande partie de l’opinion publique, le directeur des impôts qu’Aziz utilisait pour régler ses comptes aux opposants et qui s’acquittait de sa mission avec un zèle inégalé. Il s’en délectait même, disent ses nombreux détracteurs. Promu ministre des Finances puis de l’Économie, pour services rendus à son mentor, il était resté aux affaires jusqu’à la chute de celui qu’il disait « plus important que l’électricité, l’eau, l’éducation et la santé ». Enfant gâté du régime, il était dans tous les bons et mauvais coups. Omniprésent, il était la voix et les oreilles de son maître. Cité dans le rapport de la commission parlementaire, interrogé par la police économique et la justice, il s’en sort par un de ces miracles dont seule la Mauritanie a le secret. L’homme a plus d’un tour dans son sac. Il aurait, dit-on, retourné à son profit des membres de la Commission… À la surprise générale bombardé, par Ghazouani à la tête de la SNIM, il y est resté un an avant d’hiberner pendant de longues années. Et de rebondir il y a un an. Un funambulesque rétablissement au sommet dont on n’a pas fini de parler…
Ahmed ould Cheikh