Le Forum National pour l’Unité et la Démocratie (FNDU), principal pôle politique que le pouvoir voudrait embarquer dans un dialogue newlook, fait prolonger l’attente de la majorité présidentielle. On avait lié le retard de sa réaction à l’absence de son président Ahmed ould Daddah, en voyage en Côte d’Ivoire. Celui-ci revenu le 5 Février, les yeux sont aujourd’hui braqués sur une commission, mise en place par le forum, pour actualiser sa plateforme mais, aussi et surtout, étudier et faire des propositions sur les nouveaux points contenus dans l’offre gouvernementale. Dans son ancienne version, la position du FNDU exigeait la formation d‘un gouvernement d’union, pour gérer les élections municipales, législatives et présidentielle de 2014. Elle semble avoir évolué, il n’est plus question que d’un « gouvernement de large consensus ». Le pouvoir estimait, jusque-là, le pays loin d’une crise du type de celle de 2008 2009, qui avait justifié une telle mesure. Le gouvernement en place dispose, arguait-il, d’une majorité suffisamment confortable, au Parlement, pour gouverner le pays, Mais il n’écarterait pas, pour autant, l’hypothèse d’un gouvernement de large consensus. C’est là aussi une évolution.
La pomme de discorde reste les élections anticipées. Si l’opposition est, en principe, d’accord, elle n’accepterait pas une présidentielle à laquelle l’actuel président participerait, frappé qu’il est par la clause de l’article 28 de la Constitution. Ould Abdel Aziz peut, conformément à ses prérogatives présidentielles, dissoudre le Parlement mais pas « déverrouiller la Constitution » sans référendum ou accord consensuel. Une boîte de Pandore que l’opposition ne voudrait point voir ouverte. « Le FNDU doit batailler ferme, pour éviter de se faire rouler, une fois de plus », affirme Samory ould Bèye. Or, l’offre présidentielle n’a de sens que si le Président actuel réussit soit à participer à une présidentielle anticipée, soit à « s’aménager », comme le disent certains observateurs, « une sortie honorable ». Concrètement, il s’agirait de lui « garantir» une espèce d’« amnistie », pour les présumées fautes commises dans l’exercice de ses fonctions, selon l’opposition. On a criminalisé les coups d’Etat, non ? L’opposition ne voudrait certainement pas voir un des proches de l’actuel président hériter de sa charge, pour lui garantir cette « amnistie ». Et, comme tout le monde le sait, la majorité rejette, en bloc, ces options.
Le FNDU doit mettre tout cela sur la table et y ajouter de nouvelles conditions. C’est en ce sens que le RFD a fait connaître ses nouvelles propositions : dissolution du fameux BASEP – la garde prétorienne du Président – déclarations du patrimoine de celui-ci et de certains de ses proches, notamment. Si la Constitution exige déjà ce second point, en grande partie, la dissolution du corps d’élite du Président devrait être, comme on l’imagine bien, rejetée par le Palais. De fait, la question sous-jacente ne semble pas relever de l’existence de ce corps de garde – tous les présidents de démocratie en disposent d’un dévoué à leur protection – mais bien plutôt de ses rapports avec le Président, quel qu’il soit. La commission du FNDU a donc encore du pain sur la planche. D’abord, pour éviter un clash, au sein même du forum ; ensuite, pour ne pas se mettre à dos une opinion publique nationale et, peut-être, internationale qui lui reprocherait d’avoir refusé le dialogue avec le pouvoir, en posant des conditions manifestement outrancières…
Dalay Lam