L'élection présidentielle du 29 juin 2024 est terminée, le président Mohamed Ould Cheikh Ghazwani est réélu pour un second mandat de 5 ans, jusqu'en 2029. Ceux qui veulent briguer la magistrature suprême en juin 2029, doivent s'y préparer dès maintenant, s'il le faut en se "rasant chaque matin " selon l'expression non moins sarcastique de l'ancien président français N. Sarkozy. Cependant un conseil d'avocat commis d’office ; pour les éventuels prétendants, une présidentielle ne se gagne jamais en misant sur les extrêmes. Il faut ratisser large au centre, à droite, ou à gauche, selon votre étiquette politique et surtout le degré d'adhésion à votre programme électoral. L'arrivée du RN (Rassemblement national) aux portes du pouvoir lors des Législatives de juin 2024 en France, après plus d'un demi-siècle de militantisme de père en fille, illustre bien cette assertion. Cette petite notion empirique de "science politique " doit inspirer et servir de leçon au candidat malheureux Biram Dah Abeid et ses acolytes. L'auto-proclamation de Biram en président de la République Islamique de Mauritanie, rejetant ainsi les résultats de la Ceni, me rappelle un personnage du roman populaire de l'Est mauritanien, précisément dans la ville de Nema. D'ailleurs ce personnage du nom de Baba Ghoré est devenu légendaire. Quand Baba Ghoré voyait une belle voiture circuler, il obligeait le conducteur à freiner à son niveau, il ouvrait la portière et disait au propriétaire : "c'est bon, il est temps de me remettre les clefs de ma voiture que je t'avais prêtée, la générosité aussi a des limites.... ".Baba Ghoré qui est sans doute en situation de léger handicap mental, ne devrait-il pas avoir comme alter ego un certain Biram Dah Abeid, auto-proclamé président de tous les mauritaniens, alors même que sa candidature est répugnante pour la majorité du pays ? Peut-on jouir de toutes ses facultés mentales et croire qu'on peut gagner une élection présidentielle en Mauritanie, sans l'adhésion de la majorité maure ? Et si le président de l'IRA était manipulé par le bureau politique des Flam, pour le contenir, en définitive le soumettre, pour mieux servir son dessein sectaire ? Au fond Biram Dah Abeid gêne la noblesse conservatrice et surtout l'élite Peulh, des entités très réticentes à l'idée de voir un "hardané" porter le label de leur " lutte existentielle". En privé, les pasteurs peulhs, fiers et altiers, incriminent les Toucouleurs d'"avoir avili" leur cause en confiant son leadership à un maure, soit-il noir de peau comme eux, qui, tôt ou tard roulera pour "ses anciens maîtres ".
A/ Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà (B. Pascal)
Tous les regards des sympathisants de l'IRA, des Flam et autres opposants au régime de Nouakchott étaient tournés vers la victoire récente du Pastef au Sénégal, incarnée par le président Diomaye Faye. Mais ils ignorent que les réalités socio-culturelles de la Mauritanie sont différentes de celles du Sénégal, de l'Algérie ou du Mali. En plus de l'agenda politique. Ousmane Sonko et ses partisans ont conquis le pouvoir au Sénégal de par plusieurs facteurs conjugués. Tacitement les Dioula, les Ouolofs, les Sérères, les Soninkés et les Bambaras de (Tambacounda), en avaient marre du leadership des Poulo-toucouleurs du Sénégal. Mais ils ne l'expriment qu'en privé, sous peine d'affaiblir la lutte pour la "rupture" totale. Car les Peulhs constituent la principale ethnie en nombre au Sénégal. Sonko ne parlait que du président Macky Sall, de la politique néfaste de son gouvernement, de la France, qu'il croit protéger le pouvoir "corrompu" de Dakar. Si Sonko avait seulement dans un de ses discours stigmatisé les Peulhs et leur intention de vouloir conserver voire confisquer le pouvoir au Sénégal, il n'aurait jamais fait l'unanimité autour de lui, jusqu'à provoquer le changement. Mais Ousmane Sonko et ses camarades du Pastef sont des universitaires, des politiciens avisés qui savent choisir leurs paroles et se servir du tremplin qui les mène à l'olympe. Contrairement à Biram Dah Abeid qui croit que les insultes, les invectives vindicatives contre la majorité maure seraient la "voie royale" qui donneraient la victoire par les urnes ou par la pression de la rue. Erreur de casting, car sans tactiques électoralistes, point de stratégie durable pour voir le bout du tunnel. D'où les échecs successifs du président de l'IRA. Pire, il semble même qu'il ait été vassalisé par les forces de libération africaines de Mauritanie (Flam).
B/ Flam- Biram Dah Abeid (BDA) : l'arroseur arrosé
Deux enseignements sortent de cette accointance, ce marché de dupes qui, désormais coalise (mais pour combien de temps encore) au grand jour BDA et les Flam. Un, les négro-africains de la vallée, rive droite, sont, de manière latente, conscients a postériori, qu'ils ne sont pas majoritaires en Mauritanie et qu'ils sont tenus de tisser des alliances avec les maures, soient-ils blancs ou noirs, pour conquérir le pouvoir afin d'exécuter leur programme. La voie des armes n'ayant pas d'issue. Deux, il est à constater que Biram, pour promouvoir et donner un gage de "sincérité" à ses partenaires étrangers (ONG, bailleurs etc..), n'avait d'autre choix que de s'afficher au grand jour avec les Flam. Limitant la Mauritanie aux seules régions en bordure du fleuve, Biram, de manière fortuite ou volontaire, oublie que la Mauritanie profonde qui ne crie pas, qui ne s'affiche pas, qui ne casse pas, n'adhère pas à ses idées séparatistes. Désormais, et à défaut de bailleurs ou de mécènes nationaux comme Mohamed Ould Bouamatou, Biram sans argent, sans financement est contraint de se contenter de maigres ressources venant de la diaspora installée dans les pays occidentaux surtout. BDA a toujours besoin d'argent et les Maures qui l'utilisaient selon leurs agendas politiques, ont vite compris son manque de crédibilité. Bientôt les FLAM s'apercevront également de son infamie, de son discours à géométrie variable, bref de sa légèreté dans le traitement des dossiers importants. Son incompétence est notoire dès qu'il s'agit de transcender les querelles intestines, de relever le débat qui englobe l'économie, la sociologie politique. Il faudrait à BDA aussi une assise géopolitique, dont la maîtrise est indispensable à tout éventuel chef de la magistrature suprême d'un pays comme la Mauritanie dont la position géographique et la population qui la compose, lui confèrent un statut des plus délicats. Car la diversité culturelle qui devait être une richesse est canalisée par des courants extrémistes, à d'autres fins fangeuses.
C/ Anachronisme géopolitique :
Le monde a commencé à changer et les USA n'en sont plus les seuls maîtres. La crise Palestinienne a révélé le talon d'Achille d'un Occident, jadis donneur de leçons en matière des droits de l'Homme. Le "petit" Niger a chassé les Américains, et appelé les Russes, qui s'opposent désormais ouvertement aux Yankees et revendiquent un monde multipolaire. La Mauritanie n'a plus peur du diktat américain, exercé par le biais du lobby sioniste. Au contraire, tous les pays de l'OTAN lui font la cour maintenant, puisqu'ils savent que la Russie de Poutine frappe à nos portes.
Biram et ses soutiens installés en Europe ou aux Usa, n'ont plus la même capacité de nuisance. Et ils doivent le savoir. Tout se joue désormais localement. A cet effet,les extrémistes n'auront plus de place en République Islamique de Mauritanie. Voilà que Biram Dah Abeid s'est montré sous son vrai visage : un opportuniste qui brandit l'épouvantail des droits humains, désormais manipulé pour servir les ambitions de puissances étrangères, ennemies jurées de la Mauritanie et de sa religion. Le pouvoir de Ghazwani a hérité encore d'un monstre comme le Wagadou Bida, aux têtes multiples, un jalon de plus posé par le sionisme pour détruire la Mauritanie de l'intérieur. Le prochain gouvernement qui doit, -je l'espère-, être composé de mauritaniens compétents et surtout de bonne moralité, doit appliquer la loi, rien que la loi, quant à ceux qui seraient reconnus d'intelligence avec l'ennemi. Si les agissements de Biram ne sont pas jugulés dès maintenant, il risque de se radicaliser. Parce qu'il croira que les pouvoirs successifs mauritaniens qui l'ont "fabriqué", ne sont que des tigres en papier et que lui Biram Dah Abeid, "président de tous les mauritaniens", serait un lion indomptable. / .
Ely Sid’Ahmed Krombelé