Une page se tourne. L’élection présidentielle, cette échéance majeure qui conditionnera nos vies au cours des cinq prochaines années, est passée. Heureusement sans encombre. Témoin s’il en est de la vitalité de notre démocratie où un jour de vote se passe désormais comme un jour presqu’ordinaire. Malgré les reproches qu’on a lancés à la Commission électorale accusée par certains candidats de rouler pour le pouvoir en place, elle s’en est plutôt bien sortie. Avec l’expérience accumulée au fil des ans, la machine est désormais bien huilée. Les représentants des candidats étaient partout présents, le dépouillement s’est passé en leur présence et les procès-verbaux leur ont été remis. On peut donc dire que, sans être parfaite, l’opération effectuée en aval est somme toute acceptable. Mais n’y a-t-il pas eu un hic en amont ? Les chances des candidats étaient-elles les mêmes ? Qui bénéficie du soutien de l’oligarchie militaro-affairiste ? Pour qui mobilisent les chefs de tribus, les notables et les fonctionnaires ? Pour qui les grands électeurs ouvrent-ils des bureaux de vote, parfois dans des zones reculées et inhabitées, pour y enregistrer des milliers de citoyens, s’occupant de leur transport et de leur hébergement pour les faire voter en faveur de leur favori ? Le candidat-président, bien évidemment, qui n’a pas réussi, même s’il a obtenu une confortable avance sur ses poursuivants, à concrétiser dans les urnes la mobilisation dont il a bénéficié lors de la campagne électorale. La faute à qui ? À un directoire de campagne défaillant qui n’a pas réussi à « vendre » son candidat. Telle paraît la première leçon à tirer de ce scrutin sans autre enjeu, semble-t-il, que l’ordre de bataille de l’opposition en vue de la prochaine élection présidentielle… dans cinq ans.
Ahmed ould Cheikh