Frontière Mali-Mauritanie : Tracé impossible

19 February, 2015 - 00:49

Depuis l’accession des deux Etats à l’indépendance, toutes les tentatives de matérialisation de la frontière, entre leur territoire respectif, sont restées vaines, malgré l’existence d’accords bilatéraux. Le travail, qui relève, avant tout, de commissions techniques, a toujours été entravé, voire bloqué, par des considérations politiques, fer de lance d’un dossier classé, volontairement, aux oubliettes juste remis, de loin en loin, au goût du jour, lorsqu’il y a problème. Profitant alors de la conjoncture, chaque Etat essaie de dicter ses conditions à l’autre. Tantôt on joue la carte des réfugiés mauritaniens, à Kayes (Mali), tantôt celles des maliens, à M’berre (Mauritanie). Parfois, on parle d’apaiser des tensions, comme à la fin des années 80 où le chef d’arrondissement de Gogui-Mali fut retrouvé mort à Gogui-Mauritanie. Pour ne citer que ces deux cas qui ne sont séparés que d’à peine un kilomètre, sur la transsaharienne Rabat-Nouakchott-Aïoun-Gogui-Nioro-Bamako. La mort de cet administrateur malien relança le dossier de la frontière. Une commission paritaire fut mise sur pied. A l’époque, c’était Djbril ould Abdellahi qui tenait les rênes du ministère mauritanien de l’intérieur. C’est aussi sous son magistère qu’éclatèrent les douloureux et regrettés événements de la fin des années 80. La commission se rendit sur les lieux et peignit, à la chaux blanche, les troncs de quelques arbres, délimitant ainsi un petit bout de frontière, promettant de revenir pour faire le reste. Sans suites, évidemment.

Aujourd’hui le problème de la double nationalité se pose avec beaucoup d’acuité, surtout en période électorale. Ainsi, dans le secteur frontalier 1, situé entre l’immense région de Kayes (première du Mali) et quatre de Mauritanie : Guidimakha, Assaba et les deux Hodhs (El Gharbi et Echargui) ; on rencontre nombre de situations équivoques, comme à Soubeylatt, sur le territoire de Khayemaïs, au Mali mais habité par des mauritaniens. Le secteur 2 partage la deuxième région du Mali (Ségou) avec une partie du Hodh Echargui. On y trouve une situation analogue à celle de Gogui, avec les deux Leyre : Leyre-Mauritanie et Leyre Mali. La complexité de la situation tire son origine du processus de peuplement entamé par les colons, quand ils décidèrent d’octroyer l’indépendance à ces deux jeunes Etats. Des parties de l’inédit territoire mauritanien – les deux Hodhs – étaient insuffisamment peuplées. Des mauritaniens qui vivaient sur ce qui est devenu le nouveau territoire malien ont accepté de rentrer au bercail ; d’autres ont préféré rester…

 

Moustapha ould Béchir

Cp Hodhs