L’instauration de processus démocratiques en Afrique s’est heurtée à la realpolitik qui a montré la nécessité d’adapter les instruments de la gouvernance à la configuration de l’environnement socioculturel pour une meilleure cohérence entre les outils institutionnels et les pratiques politiques. Pour bien fonctionner, la démocratie moderne a besoin du respect des principes et des règles du jeu.
Un écart important entre ces deux éléments constitutifs conduit à des crises ou blocages de ses logiques de fonctionnement. Alors, le dialogue ou la concertation apparaît comme un instrument de régulation politique. Notre pays vit, depuis quelques temps, une situation anormale marquée par l’absence d’espace public ou d’échange entre les différents acteurs, en charge de la gouvernance politique ou de son contrôle. Cela constitue un obstacle majeur à l’émergence d’une vitalité démocratique sans laquelle on ne peut véritablement pas concevoir des projets de développement économique et social viable.
Le dialogue politique, quelle que soit la provenance de l’initiative, ne peut être réfuté car il s’inscrit dans une démarche constructive pour lever les ambiguïtés et les contradictions qui relèvent de la nature même du régime politique, du contexte et des ambitions des uns et des autres engagés dans les rapports de forces. De ce point de vue, il joue un rôle important en créant des conditions permettant la communication entre la majorité au pouvoir et l’opposition dont la vocation est, entre autres, de proposer une alternative par le biais de projets de sociétés soumis, à un moment opportun, aux populations qui décideront de leur validité ou non.
Sous ce prisme, nous nous insurgeons contre toute forme de gouvernement d’union nationale qui semble traduire un consensus virtuel dans les mécanismes de gestion du pouvoir. Or, la démocratie se nourrit de la confrontation au niveau des idées, des propositions dans une perspective d’ouverture d’interstices où s’affrontent les acteurs légitiment reconnus. Dans cette optique, un geste fort mérite d’être consacré à l’endroit des leaders de l’IRA et affiliés pour les convier à participer à ce dialogue politique afin de dégager des politiques publiques susceptibles de répondre de manière idoine aux différentes questions auxquelles est confrontée la société mauritanienne dans son ensemble.
La réussite du dialogue politique dépendra de la volonté de transcender les divergences, d’engager, sans arrière-pensées, le débat sur des questions de fond pour tourner la page des périodes de tension et d’incertitude.
Moussa Diaw, universitaire mauritanien, professeur de science politique, spécialité relations internationales, Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal.
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