Depuis l'instauration de la loi anti-tabac en 2018, la Mauritanie a enregistré des progrès significatifs dans sa lutte contre le tabagisme. « La consommation du tabac y est en recul », a en effet déclaré l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sur son site Internet : « 10 % en 2021 contre 18 % en 2012 », soit une baisse de huit points en dix ans. C’est ce qu’indiquait l’enquête mondiale sur le tabagisme chez les adultes réalisée en 2021. D'après l’enquête STEPS (Enquête Nationale sur les Facteurs de Risque des Maladies Non Transmissibles) 2008 en Mauritanie, 22,6 % des adolescents de 13 à 15 ans consommaient du tabac et ses produits étaient partout disponibles à l'achat pour tout un chacun, jeunes enfants y compris.
« Pour réduire cette prévalence et protéger ceux-ci, le pays a adopté en 2018 une loi anti-tabac, avec un accent particulier sur les emballages des produits », vient de rappeler l’OMS lors de la journée mondiale sans tabac célébrée, comme chaque année, le 31 Mai. Conformément aux recommandations de ladite organisation, la loi stipulait notamment que tous les produits du tabac en vente sur le territoire mauritanien comporteraient désormais un avertissement sanitaire couvrant au moins 70 % de la surface des deux côtés du paquet. En adoptant une telle législation, les autorités mauritaniennes voulaient sensibiliser le public, en particulier les jeunes, aux dangers du tabagisme, principale cause, en Mauritanie, de décès et de maladies non transmissibles, comme le diabète, les cancers, les maladies cardiovasculaires et pulmonaires chroniques.
« Nous avons constaté que la loi a joué un grand rôle dans cette lutte », affirme le docteur Abdallah Bouhabib, directeur général adjoint de la Santé publique au ministère de la Santé. « Les avertissements sur les emballages des produits, en particulier ceux qui combinent textes et images, ont été l'un des moyens les plus rentables et efficaces pour sensibiliser le public aux graves risques de santé liés au tabagisme ». Cela dit, les résultats de l’enquête indiquent qu’environ 34 % des Mauritaniens sont toujours exposés à la fumée de tabac sur leur lieu de travail et que la consommation de tabac chez les hommes est presque huit fois plus élevée que chez les femmes.
Riposte efficace
« Nous devons renforcer ces acquis avec une approche socio-sanitaire pour changer les mentalités et démystifier les fausses idées qui entourent la consommation du tabac, surtout chez les jeunes et les adolescents », a déclaré sur le site Internet de l’OMS la docteure Charlotte Faty Ndiaye, représentante en Mauritanie de l'organisation onusienne. « Les disparités entre les sexes et le taux élevé d'exposition sur les lieux de travail, mis en évidence par les enquêtes, soulignent l’urgence de mener de robustes campagnes de santé. » Avec l’appui de l'OMS, le ministère de la Santé a incité quinze gouverneurs régionaux à s’engager dans cette lutte. Formés et assignés aux départements gouvernementaux et régionaux, des points focaux assurent la sensibilisation et la mobilisation des leaders communautaires, y compris des chefs religieux, aux activités de lutte antitabac. En plus de la loi, le pays met en œuvre d'autres initiatives de lutte contre le tabagisme : campagnes d’information sur les dangers de la consommation de tabac, interdiction de fumer dans les lieux publics et instauration d’une taxe sur le tabac dont une partie est utilisée dans la lutte contre les maladies liées à celui-ci.
Protéger les enfants de l’ingérence de l’industrie du tabac
Ce thème de la Journée mondiale sans tabac 2024 plaide pour arrêter de cibler la jeunesse avec des produits nocifs. Les jeunes, les décideurs politiques et les défenseurs de la lutte antitabac du monde entier se voient ainsi proposer un forum pour discuter de ce problème et exhorter les pouvoirs publics à adopter des politiques protégeant les jeunes contre les manipulations de l’industrie du tabac et des industries connexes. Bien que le tabagisme ait diminué au fil des ans grâce aux efforts phénoménaux déployés par les acteurs de la lutte antitabac, la protection de ces groupes vulnérables nécessite davantage d’efforts. À l’échelle mondiale et selon des données de 2022, au moins 37 millions de jeunes gens de 13 à 15 ans consomment une quelconque forme de tabac. Dans la seule région européenne de l’OMS, 11,5 % des garçons et 10,1 % des filles de 13 à 15 ans, soit 4 millions au total, s’y adonnent.
Synthèse THIAM