Monsieur Sébastien Delogu, député du parti « La France Insoumise », a brandi, la semaine dernière, un drapeau de la Palestine en pleine séance de l’Assemblée nationale française. Un parti pris public que madame Yaël Braun-Pivet, la présidente de ladite assemblée, a jugé « scandaleux et inadmissible » et qui a valu au contestataire une sanction disciplinaire maximale : quinze jours d’exclusion et privation pendant deux mois de la moitié de son indemnité parlementaire. Certes, madame Yaël Braun-Pivet s’était, elle, juste contenté d’arborer, le 9 Octobre 2023 et « discrètement » au revers de sa veste, les drapeaux conjoints de la [Sionie] et de la France (1), un détail à tout le moins révélateur, au-delà sa visite très remarquée à Al-Qods au lendemain même de l’attaque du 7 Octobre, de son soutien sans équivoque aux « 75 ans d’apartheid, 56 ans d’occupation des territoires palestiniens et 16 ans de blocus à Gaza » que souligne le gouvernement de Pretoria dans son récent réquisitoire auprès de la Cour Pénale Internationale (CPI). C’était d’ailleurs en référence à cette même situation d’oppression que Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France Insoumise, refusait déjà de qualifier de « terroriste » le Hamas, au lendemain de son attaque. Et certes : lorsque le territoire d’un peuple est envahi – comme le fut la France en 1940 – n’est-ce pas se déclarer d’emblée les ennemis de celui-ci que de qualifier terroriste sa résistance ?
Où, quand et comment le gouvernement français a-t-il officiellement reconnu la légitimité de la résistance palestinienne ? Nulle part, jamais, ni de la moindre manière… Même sous les épisodes Mitterrand et Hollande, il s’est ingénié, durant ces derniers trois-quarts de siècle, à user de circonvolutions et d’ambages pour ménager les magnats sionistes de la finance internationale si puissamment incrustée dans les pays dits développés. Ailleurs – c’est-à-dire dans plus des trois-quarts de la planète – on a pris beaucoup moins de gants : aujourd’hui, 146 pays reconnaissent l’État de la Palestine. Certes, la nuance entre le concept d’État et celui de Résistance autorisent certains – notamment arabes… – à affirmer le droit des Palestiniens au premier sans leur reconnaître ouvertement le droit à la seconde. Sans être aussi visibles qu’en les pays riches, les magnats sionistes y ont tout de même leurs entrées dans les hautes sphères de l’État, ne serait-ce que pour y négocier leurs interventions financières…
C’est donc entre gens bien éduqués qu’on doit discuter partout des conditions d’un cessez-le-feu à Gaza. On évite par exemple de commenter la récente déclaration du ministre [sioniste] de la Défense traitant les Palestiniens « d’animaux humains » ni celle de son chef affirmant « voué à l’échec tout projet de cessez-le-feu n’impliquant pas la destruction totale des capacités militaires et politiques du Hamas ». Il existe en effet dans le monde juif un courant de pensée considérant les « goys » (les non-juifs) comme des bêtes de somme corvéables à merci qu’il convient de mater et réduire au silence. C’est incontestablement la position du gouvernement de [la Sionie]. Celle également de la présidente de l’Assemblée nationale française ? De tous les juifs du Monde ? Ce serait plus fâcheux pour ceux-ci : rien de plus approprié, en effet, que le fascisme pour engendrer le fascisme… et ses navrants retours de bâton.
Ben Abdalla
Les 146 pays qui reconnaissent l’État de Palestine
Notes
- : Mais on doute fort qu’elle en subisse le même traitement que monsieur Sébastien Delogu, en dépit de la pétition réunissant plus de deux cent mille personnes le réclamant. Question de « nuance », je présume…