‘’Il faut toujours voter pour le candidat qui fait le moins de promesses :
à l'arrivée, on est moins déçu!’’
Michel Galabru
Les mauritaniens se rendront aux urnes le 29 juin 2024, pour élire leur président. Cette élection verra la compétition entre sept candidats, dont trois anciens candidats et trois novices. Ce sont donc environ un million de mauritaniens qui seront inscrits sur les listes électorales et qui vont départager les 7 candidats. Tous les observateurs avertis s`accordent à dire que l’offre de produits politiques en cette période d’élection présidentielle, ne correspond plus aux attentes de la population, alors, une question s’impose : vivons-nous la fin d'un cycle politique et militaire ?
Un jour sans fin
Dans l`histoire récente de notre pays, nous avons eu à assister à un changement politique et une transformation du régime tous les vingt ans comme en témoigne cette successions d`évènements :
-Le 10 juillet 1978, un coup d'État a été dirigé par le Chef d'état-major de l'armée, le colonel Moustapha Ould Mohamed Saleck, qui commandait un groupe d'officiers de l'armée nationale, pour renverser le président Moktar Ould Daddah, qui dirigeait le pays depuis l'indépendance en 1960. Le principal motif du coup d'État était la participation de Moktar ould Daddah à la guerre du Sahara occidental (à partir de 1975) et la ruine de l'économie mauritanienne qui en a résulté [1].
-Le 12 décembre 1984, un coup d'État a été dirigé par le Chef d'état-major de l'armée, le colonel Maaouiya Ould Sid'Ahmed Taya, qui a pris le pouvoir dans la capitale Nouakchott tandis que le président, le colonel Mohamed Khouna Ould Haidalla, était hors du pays pour assister au sommet de la francophonie à Bujumbura, au Burundi. [2].
-Le 3 août 2005, le président Maaouiya Ould Sid'Ahmed Taya a été évincé par les Forces armées mauritaniennes et remplacé par une junte militaire qui se nommait, le Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD), dirigé par Ely Ould Mohamed Vall qui était le Chef de la Sûreté sous Maaouiya, alors que il était en Arabie Saoudite pour assister aux funérailles du Roi Fahd [3].
-Le 6 août 2008, Les putschistes, organisés en conseil d’État, dirigé par les généraux siamois Mohamed Ould Abdel Aziz et Mohamed Ould Ghazouani ont arrêté le président de la république, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, et son premier ministre, Yahya Ould Ahmed Waghf après avoir limogé plusieurs hauts responsables de l’armée [4].
Il s’ensuivit alors deux mandats présidentiels prospères de cinq ans de Mohamed Ould Abdel Aziz et une mystérieuse alternance pacifique qui s'est clôturée avec une remise des clés du pouvoir à son acolyte Mohamed Ould Ghazouani.
Petits meurtres entre amis
La vie après la présidence n'était pas une mince affaire, pour l`ancien président qui a fait la case prison, lorsqu`il a été jugé coupable d’enrichissement illicite et de blanchiment et condamné à 5 ans de prison au moment où ses coaccusés ont été remis en liberté.
Pour résumer de façon ludique : On se croirait dans un jeu de Monopoly à l'échelle de notre pays. On a des militaires et des politiciens qui jouent et achètent des hôtels, des gares et des maisons ou terrains (ici ou ailleurs) avec des vrais billets et certains passent par la case prison pendant que d`autres organisent des élections présidentielles dans un éternel recommencement et les candidats viendront compléter ce théâtre tragi-comique.
Un job d'été à éviter
Parmi les candidats à la candidature de cette année 2024, il y a d`un côté sept candidats qui sont bien implantés dans le landerneau politique, et de l`autre les deux candidats qui font peur ; l`ancien président Mohamed ould Abdelaziz e et le jeune universitaire Nouredine Mohamedou.
L’ancien président Mohamed Ould Abdelaziz, 66 ans, a été condamné par la Cour criminelle chargée des crimes de corruption à 5 ans de prison, ainsi qu’à la confiscation de ses biens et à une peine d’inéligibilité pour enrichissement illicite et blanchiment. Il a été disqualifié par défaut de parrainage. Bien qu`il est en prison il reste très populaire auprès des mauritaniens [5].
Le jeune universitaire Nouredine Mohamedou aux idées novatrices dont le discours plait aux jeunes maures. Il a une forte audience sur les réseaux sociaux en Mauritanie et à l`étranger auprès de la diaspora nord-américaine. Il jouit de la sympathie de jeunes et des moins jeunes. Il a été disqualifié par défaut de parrainage, ce qui fait de lui un interlocuteur craint par les pouvoir exécutif mais courtisé par les 7 candidats candidatés.
Oui ils sont candidatés par l`au-delà politique car ils ont bénéficié des largesses du parti-Etat qui a généreusement accepté leur parrainage et privé d`autres qui risquaient de disperser le vote de l`électorat maure blanc comme Nourredine Mouhamedou, le chouchou des jeunes diplômés sans emploi, des étudiants et ceux qui aspirent à des changements d’ampleur, surtout dans les villes.
C`est comme si Edin Terzic, le coach du Borussia Dortmund, pouvait faire la composition de départ de l`équipe du Real de Madrid le jour de la finale de la champion’s League. Il allait sûrement privé Vinicius Júnior, Luka Modrić et Rodrygo Silva de Goes, dit Rodrygo de jouer pour s`assurer de gagner lors du temps réglementaire et éviter un deuxième tour.
On achève bien les chevaux
Les partis agonisants RFD et l`Ufp sont devenus, par la force des choses des parti fantômes, sans perspectives d'avenir, ils pourraient poursuivre leur descente aux enfers, pour disparaître ou presque dans la suite logique de pacte républicain.
Qui va venir remplir le vide idéologique et politique laissé par les défunts RFD et l`Ufp ?
(A suivre).
Références :
1-Military Takes Over in Mauritania With a Reportedly Bloodless Coup, The New York Times, 11 juillet 1978
2- Mauritania coup ousts president, sur The New York Times, 13 décembre 1984
3- La Mauritanie après le putsch de 2005 Alain Antil. Politique étrangère 2005, 809- 819
4- Coup d'Etat en Mauritanie. Journal du dimanche. Marie Desnos. 6 aout 2008
5- En Mauritanie, Mohamed Ould Abdelaziz condamné à 5 ans de prison. Justine Spiegel. Jeune Afrique. 4 décembre 2023