C’est au départ en candidat à l’élection présidentielle qu’Ould Abdel Aziz vient d’adresser une lettre ouverte au président de la République. Une démarche à tout le moins étrange, a priori : l’interlocuteur naturel d’un prétendant à ce titre n’est-il pas le peuple souverain, uniquement le peuple souverain ? Mais, bon, voyons un peu plus loin… Après s’être inquiété du « précipice » vers lequel conduit l’actuelle « gestion désastreuse et primitive de l’État », MOAA commence par y faire le bilan élogieux de sa décennie puis déplore le manque de suivi de ses « réalisations » par son successeur et l’absence de la moindre « avancée en quelque domaine que ce soit ». Il termine en fustigeant les « démons » du pays qui « alliés à certains hommes d’affaires et rapaces, s’accaparent désormais toutes les ressources du pays »… Ce qui n’était évidemment pas le cas, comprenons bien la rhétorique azizienne, au cours de sa glorieuse décennie…
Ces mêmes démons, faut-il encore entendre de ce propos, qui s’emploient aujourd’hui à ne sélectionner que des adversaires sur mesure au président sortant, tout en empêchant ceux « porteurs de projets palpables et qui caracolent en tête de tous les sondages » de se présenter. Du coup, la lettre ouverte devient la condamnation en filigrane du Conseil constitutionnel qui a publié, lundi dernier, la liste définitive des sept candidats… dont Ould Abdel Aziz est exclu. Bref, la plainte, encore et toujours, du complot ourdi contre son auguste personne. Mais les qualificatifs dont il abuse pour désigner la clique en question : « vils desseins, dédain et arrogance, ressentiment haineux, bande sans loi ni foi, autocratie et tyrannie… » ; ne sont-ils pas exactement les mêmes qu’on lui reprochait quand il était au pouvoir ? L’arrosé arroseur, en somme…
Ahmed ould Cheikh