Le président de la République était à Nouadhibou il y a quelques jours. Il s’est rendu à Kiffa samedi dernier. Quoi de plus normal à moins de deux mois d’une élection présidentielle où il est candidat à sa propre succession ? Il est donc allé présider un conseil des ministres dans la capitale économique et y tenir une réunion des cadres, inaugurer des adductions d’eau et d’autres projets beaucoup moins importants mais toujours utiles… lorsqu’il s’agit de rameuter les troupes. Et pour un coup d’essai, ce fut un coup de maître. Tout ce que la république compte d’hommes d’affaires, de fonctionnaires en rupture de ban, de politiciens du dimanche, de flagorneurs, de troubadours et de m’as-tu-vu ont pris (la mauvaise) habitude de devancer le Président là où il va, même pour quelques heures. Des grosses cylindrées rutilantes, frauduleusement acquises pour la plupart, grâce à l’argent public ou à d’autres sources moins avouables, forment ainsi de longs cortèges dont les pauvres populations locales n’en tirent que de grandes bouffées de poussière. Et, au lendemain de la visite, il n’en reste plus rien, comme dans un mauvais rêve. Il en est ainsi depuis la nuit des temps. Juste après sa prise de fonctions, le nouveau président sénégalais a décidé de mettre fin aux cérémonies organisées jusqu’alors à l’aéroport, à chacun de ses départs ou arrivées. Une perte de temps et d’argent, dit-il à juste titre. Ghazwani, dont on attend des mesures fermes une fois réélu le 29 Juin prochain, devrait commencer par ordonner que cessent de telles pratiques… entre beaucoup d’autres.
Ahmed ould Cheikh