Nous avions connu les fameuses visitations au cours desquelles nous partions partout où allait le Président. Et revoilà les fameuses initiatives de soutien à la candidature du Président ! Quasiment les mêmes hommes et les mêmes femmes d’il y a des décennies. Toujours les mêmes mises en scène et les mêmes discours : le Président sortant par la petite porte, rentrant par la grande fenêtre pour encore continuer à finir des chantiers fictifs qui n’existent que dans les têtes des promoteurs de ces ridicules initiatives. À chaque élection présidentielle suffit sa peine de rencontres intertribales et de réunions régionales. Chaque groupe affûte ses armes pour mieux démontrer son allégeance et son soutien à Monsieur le Président-Candidat. Chaque tribu mobilise ses troupes et les prépare. Longues veillées, pires velléités… Les pompeusement dénommés « cadres » n’ont plus l’œil et l’esprit qu’à aller vadrouiller de quartier en quartier, de campement en campement, voire de wilaya en wilaya, pour apporter la bonne parole et roder les mécanismes qui permettront de remporter le scrutin afin que le président continue à « réaliser » ses « grandioses » programmes et « engagements ». Nous connaissions « Jamais deux sans trois ». Faisons maintenant avec « Jamais cinq sans dix ». Cinq ans, c’est peu pour un Président. À peine suffisant pour établir un diagnostic, connaître les hommes, les femmes et même les filles, croquer le premier budget pour voir comment les choses se présentent, apprécier les prestations des organes de contrôle comme la Cour des Comptes, l’Inspection Générale de l’État ou les inspections internes des institutions étatiques. Juger si elles sont vraiment là et opérationnelles. Jauger leur degré de vigilance et de réaction. Déterminer en quelle solennité recevoir dans son bureau leurs responsables avec leur rapport sous les aisselles et si ces organes de contrôle mordent ou ne mordent pas tout, fidèles à l’esprit de la fameuse sagesse populaire « mords ou ne mords pas mais ne mets pas ton doigt ». Cinq ans, c’est vraiment très rapide. Ça va tellement vite que le Président sortant n’a eu juste le temps que de regarder et comprendre comment marche la présidence. Comment agissent les ministres. Juste le temps de constater la gabegie. De s’étonner que les services de base manquent encore, même à Nouadhibou. Que les préjugés sociaux fondés sur les complexes de supériorité ou d’infériorité de caste sont encore profondément ancrés dans les têtes. Cinq ans durant lesquels le Président a tout vu, tout constaté, tout noté. Faites-moi revenir, mes chers citoyens ! Je ne m’étonnerai plus que l’eau et l’électricité manquent à Nouadhibou. Que les conditions des fonctionnaires soient exécrables. Que les hommes d’affaires fassent la loi. Que les ministres usent et abusent de leur département. Que le Parlement, le Conseil économique social et environnemental, son homologue constitutionnel, la Cour des comptes, l’Inspection générale de l’État, l’Institution des oppositions à la majorité, la Commission électorale nationale indépendante, le Haut Conseil de la magistrature, les ordres nationaux, les syndicats, les partis politiques, les retraités et les peshmergas aient encore à attendre cinq ans pour voir encore, en attendant les cinq années suivantes. C’est très « mélangement ». C’est même insensément. Pour comprendre les cinq ans à venir, rendez-vous en 2029 ! Pour 2024, c’est déjà demain… Salut !
Sneiba El Kory