Le 7 Avril 2024, j'ai écouté́ l’émouvant discours prononcé par le président Paul Kagame lors de la commémoration du 30ème anniversaire du génocide au Rwanda. Mes pensées ne pouvaient que se tourner que vers les nombreux mauritaniens injustement assassinés lors des années de braise, vers leurs veuves et orphelins qui souffrent actuellement des mêmes traumatismes. Nous espérons que l’écho de ce message retentira jusqu’en Mauritanie et au-delà̀.
La présence du président mauritanien Mohamed Cheikh ould Ghazwani à cette cérémonie si chargée d’émotions rappelle ostensiblement que « chickens come home to roost » : on est toujours rattrapé par nos erreurs. Je ne peux m’empêcher de m’interroger sur les pensées qui pouvaient traverser l’esprit de notre Président à l’écoute de son homologue rwandais évoquant les horribles preuves de la terreur, dans toute son ampleur. Quelles leçons en aura-t-il tirées ? Y a-t-il vu un parallèle entre les deux tragédies ? Son silence doit-il être interprété comme la confirmation d’un déni de justice pour les victimes et de la protection assurée à leurs bourreaux ? Croit-il en son cœur et en son esprit que les crimes qui entraînèrent la mort de tant de pères, fils et maris noirs mauritaniens et endeuillèrent leurs familles soient différents de ceux perpétrés au Rwanda ? Plus important encore : s’il en a tiré leçons, comment compte-t-il les appliquer, afin que notre pays puisse enfin panser ses blessures ?
J'espère sincèrement que cette commémoration du 7 Avril incitera le président Ghazwani à répondre à l'appel persistant des victimes et de leurs familles à une justice transitionnelle, conforme aux normes internationales et bonnes pratiques. Comme cela a été clairement rappelé, des crimes aussi odieux ne peuvent rester impunis. Ils résisteront à l’érosion du temps jusqu’à ce que la justice soit enfin rendue. Le déni n’est pas une option viable. La seule issue est de faire preuve de courage moral, en s’attaquant véritablement à ce problème qui dure depuis trop longtemps. La mort et la destruction ont ouvert des plaies qui ne peuvent être ignorées ou laisser espérer une guérison spontanée, sans aucun soin bienveillant. Comme au Rwanda, les blessures de la Mauritanie doivent être pansées. Nous devons pousser le « Start buttons » pour un nouveau départ.
En conclusion, nous adressons notre sincère solidarité́ à l’égard du peuple rwandais pour ce qu’il a enduré, et dénonçons la tragédie humaine en cours à Gaza fauchant la vie d’innombrables innocents palestiniens en leur patrie. Où qu’il soit perpétré, le génocide est une attaque contre notre humanité́ et nous ne pouvons en aucun cas le tolérer. Des crises et des tragédies surviennent lorsque des dirigeants manquent de sens moral. Il est de notre responsabilité́ collective de nous unir contre un tel mal afin que la paix et l’amour puissent s’épanouir.
BakaryTandia, Human Rights Advocate New York City, le 8, Avril 2024