Chronique : Entre Nous

27 March, 2024 - 15:08

Qui disait qu’il est très facile d’être gentil avec l’argent des autres ? Voilà le président de la République qui invite à tout va. Enfin le fameux méchoui promis lors de la campagne électorale de la présidentielle de 2019 ! Ne dit-on pas que mieux vaut tard que jamais ? Au moins quelques élèves d’un établissement d’excellence et certains de leurs encadreurs et parents y auront « croqué », foulant du pied les tapis moelleux de l’antre présidentiel. Puis ont suivi divers bénéficiaires des « prestations » de Taa’zour invités également à déguster le célèbre méchoui du Président. Nous savions que nul ne meurt sans avoir eu son jour. Voilà que nous apprenons que nul ne mourra sans avoir son jour de dégustation de méchoui présidentiel. Et dites maintenant : « Ô croyants, pourquoi avons-nous toujours la mauvaise habitude de répandre de très dangereuses rumeurs ? » Comme quoi, par exemple, Son Excellence Monsieur le président de la République ne voudrait pas rempiler pour un second mandat, préférant aller tranquillement se la couler douce quelque part aux confins de son Boumdeïd natal et perpétuer ainsi les traditions de ses ancêtres… mais que quelques bandits – astaqfiroullahi ! – conseillers formels et informels plus proches que la main à sa bouche, s’acharnent à lui faire avaler l’énorme couleuvre d’un second mandat dont il est complètement dégoûté… Ou que très haut – très, très en haut… – c’est devenu un vaste ring où les coups de poings fusent de toutes parts entre groupes rivaux, en pleine guerre de succession et de positionnement dans la perspective de lendemains meilleurs, quoique personne ne semble savoir clairement de quoi leurs jours seront faits. Ou encore et par exemple que notre pont national fraîchement inauguré serait si peu aux normes qu’un camion n’aurait pas pu passer dessous. Et que les gens du PK 10/Carrefour Bamako/Rue Nagi ont par conséquent préféré le transformer en un grand marché pour y exposer toutes sortes de marchandises et en un dortoir providentiel pour les vendeurs ambulants et les jeûneurs vagabonds. Ou encore et toujours par exemple que le gouvernement lui-même est en train de chercher des candidats à la candidature. Hommes ou femmes, jeunes ou vieux, engagés à courir contre lui, nourris, blanchis et pourvus en argent de poche pour donner une certaine crédibilité à la prochaine mascarade présidentielle dont les résultats sont déjà connus depuis 2019. Voire enfin, dernier ragot en date, que la CENI et, comme a dit son président, sa fameuse « My Ceni ou Ceni My », sinon tel ou tel de ses ingénieurs, aurait eu l’ingéniosité de faire passer « magiquement » des députés recalés en leur offrant des bouchées quadruples avec les bulletins nuls et neutres. Si c’est vrai, c’est quand même grave, un député redoublant qui passe en classe supérieure ! Et tout cela sans que ni la justice, ni le ministère de l’Intérieur, ni le président du Conseil Constitutionnel, ni celui du Parlement ni même celui de la République ne fassent rien ! Motus et bouche cousue, comme si de rien n’était. Ceni My ou My Ceni, moi, je deviendrai député way ! Où sont mes économies ? Salut.   

 

Sneiba El Kory