Le phénomène migratoire fait vaciller l'Occident. Celui-ci cherche à s'en débarrasser par tous les moyens : chantages, pressions diplomatiques graissées de sous, déclarant les pays visés en havres de paix, stabilité et démocratie… alors que leur situation réelle prouve le contraire. Dans le cas de la Mauritanie où l'approche sur la migration semble donner des fruits, après son rejet par tous les pays de l'UMA – Algérie, Libye, Maroc et Tunisie – l'UE chante les vertus de la démocratie et de la stabilité, sans un mot sur la série des coups d'État déjà enregistrés ni sur « l'alternance monolithique » au pouvoir… toujours dans le même camp. Même si le pays connaît une stabilité légendaire, la canalisation et l'implantation des flux migratoires ne la menacent-elles pas ? Pourquoi ne pas proposer cette offre au Sénégal, par exemple, un pays stable et démocratique, n'ayant jamais connu de coup d'État, allié et bien coté par l'UE qui le ménagea si bien lors des événements de 89 ?
Il est clair que les dangers de la migration sont réservés à des pays précis. Si l'humanisme débordant de l'Occident qui ne se manifeste pas à Gaza, affamée sous un déluge de bombes, se concentre sur le cas des émigrés, notamment de ceux qui tracassent les USA, pourquoi ne les hébergent-ils au Nevada ou à Guantanamo, là où les droits de l'Homme ont été scrupuleusement violés ? Ou, pour ceux qui dérangent la Grande-Bretagne, aux Îles Malouines, un site apparemment idéal pour les héberger ? Ou encore, pour ceux agacent la France qui mit à genoux ses anciennes colonies de Haïti au Vietnam en passant par chez nous en Afrique, loin de l'Hexagone en Guyane, Martinique, Guadeloupe, la Réunion, Mayotte, la Nouvelle Calédonie ou la Polynésie française ? Bref, les sites d'hébergement ne manquent pas. Mais quand l'égoïsme et l’humanisme s'affrontent, le premier prend toujours le dessus. Aussi l'UE fera-t-elle tout pour mettre ce danger hors de son espace communautaire, en l’expédiant surtout dans l'espace maghrébin.
Un plan machiavélique
La démarche en question s'inscrit dans un plan global et multidimensionnel de fragilisation et de piétinement des pays arabo-musulmans ; par la force militaire, comme ce qui se joue actuellement à Gaza et au Soudan, après avoir ruiné l'Afghanistan, l'Irak, la Syrie, le Yémen et la Libye ; ou par le volet culturel, à travers le harcèlement des imams à rendre leurs prêches « convenables » et des femmes voilées à s'exhiber, conformément à une logique de refus de l'Autre et de sa culture. L'autre dimension de ce plan vise le changement de la structure et de la composition démographique en encourageant l'installation des émigrés au Maghreb. Afin de gommer autant se faire que peut les us et coutumes arabo-musulmanes et, à terme, les pratiques religieuses qui dérangent. En tout cas, il ne faut pas se leurrer par le feu séduisant et glisser dans le bourbier tendu par l'UE, quel qu’en soit le prix.
Accueillir sur notre territoire tous les repêchés des océans est un suicide. Si l'approche dont on parle consiste à déplacer par la force des personnes pour les installer dans un pays-tiers avec des moyens censés garantir leurs droits, il s'agit là d'une violation de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de ce pays, le sortant du cadre migratoire connu. Un émigré clandestin n’est-il pas une personne qui a quitté son pays de son propre gré pour pénétrer dans un autre de son choix sans y être autorisé ? Mais quand il s'agit de déplacements obligés vers une destination imposée, ce n'est plus de la migration clandestine, c'est plutôt une déportation forcée.
Des abrutis se vantent de ce que la Mauritanie obtiendrait, en contrepartie d'un éventuel accord, des millions d'euros, une route et l'électricité haute tension… comme si l'intégrité et la souveraineté du pays se marchandaient ! Faisons plutôt comme le Sénégal : signons un protocole d'accord avec le Qatar pour la construction de cent mille logements ; et surtout pas celui de l'UE, un gouffre qui marquera notre fin.