Lors de la la prière du dernier vendredi saint du mois d’Octobre, la mosquée du très grand et célèbre mufti Boudah était pleine à craquer. Le petit fils du grand érudit, l’iman Mahfoudh, entamait son prêche : « Louange à Dieu Clément et Miséricordieux… Chers frères et maîtres en islam, un véritable travail de destruction massive est entrepris par l’armée du crime, l’armée d’Israël, un génocide sans précédent dans l’histoire depuis la IIème Guerre Mondiale, à l’encontre du peuple palestinien, tout particulièrement à Gaza, avec un terrible arsenal de bombardiers, chars et canons, contre une population civile sans défense.
C’est la disproportion des moyens guerriers qui choque le plus. Des F18 détruisant tout sur leur passage, par carrés entiers de maisons, immeubles, hôpitaux même… Face à eux, des armes individuelles. Chaque jour, des centaines d’enfants innocents, de femmes et autres civils tombent, écrasés, déchiquetés, anéantis dans un enfer de bombardements. Et comme si cela ne suffisait pas, le reste de la population est affamée et assoiffée. Affamer et assoiffer volontairement un être humain est impie. L’affamer à mort est un crime abominable ».
Des larmes commencèrent à couler sur le visage du saint homme. « Chers frères en islam, pardonnez-moi ces pleurs », reprit-il, « ce sont toutes ces innocentes petites vies d’enfants mutilés qui défilent devant mes yeux. » La foule se mit à gronder. Une voix sortit du lot : « Les sionistes sont des êtres abjects et exécrables ! ». Une autre voix s’éleva : « Mort aux lâches, chiens puants des sionistes, fils de sales chiens puants ! » L’homme de Dieu levait de temps en temps le bras comme pour calmer la foule. « La partie plaignante devant Vous, mon Dieu, Créateur du monde et de l’univers », reprit-il, « est en réalité l’humanité. L’humanité voudrait savoir jusqu’à quand ses ennemis – les Vôtres, Seigneur des mondes – vont-ils continuer à perpétuer ces horreurs et ce chaos inouïs ».
Après le triste réquisitoire de l’imam et la prière, je suis rentré chez moi le cœur gros de tristesse. Et je me suis tout simplement demandé pourquoi les sionistes ont-ils érigé les sanctions collectives en règle d’administration, à l’instar de leurs anciens bourreaux. Comment ces juifs qui ont enduré tous les malheurs de l’Holocauste et de la Shoah – l’autre génocide perpétrés par les nazis – peuvent maintenant donner raison à Hitler et à ces sbires, en exterminant les habitant de Gaza et d’ailleurs en Palestine ? Je laisse en suspens toutes ces angoissantes questions qui sollicitent l’attention de chacun d’entre nous. Mais j’en arrive tout de même à la conclusion que les religieux sionistes valent moins que les Boers et les Nazis, puisqu’ils sont incapables d’avoir un apôtre de la non-violence comme en d’autres pays. Ailleurs, on connut Nelson Mandela et De Klerk ; en [Sionie], ils n’entendent que des Netanyahou, Likoud, religieux extrémistes et racistes...
Lehbib Brahim
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(1) : Contrairement à sa ligne éditoriale, « Le Calame » n’a pas récusé l’emploi de ce nom. Car Israël, le saint surnom du prophète Yakoub (PBL) peut ici tout aussi bien désigner le peuple juif dans son ensemble que l’entité sioniste à l’œuvre en Palestine… On lira avec profit l’article ci-contre « Confusions » qui entend éclairer quelque peu sur la dangereuse banalisation de cette ambiguïté.