En Mauritanie, les problématiques des droits humains suscitent beaucoup de débats entre institutions chargées de gérer ces questions et nombre d’organisations de la Société civile qui entendent promouvoir et défendre ces droits. Parmi ces institutions officielles les plus emblématiques, le Commissariat aux Droits de l’Homme, à l’Action Humanitaire et aux Relations avec la Société Civile (CDHAHRSC) joue incontestablement les premiers rôles depuis au moins trois décennies. L’objectif principal de ce département est de s’appliquer à mettre en œuvre des actions et initiatives contribuant à l’émergence d’une société nationale complètement départie de préjugés et résolument fondée sur les valeurs de justice, d’équité et d’inclusion.
Sa mission s’articule autour de trois thématiques principales : défendre et promouvoir les droits de l’Homme en permettant à tous d’y accéder ; mettre en œuvre des actions humanitaires assistant factuellement les communautés les plus vulnérables, à travers des programmes conçus et exécutés à leur profit ; cultiver les relations avec la Société civile en l’aidant à mieux organiser ses structures, à travers le renforcement de leur professionnalisation, afin qu’elles deviennent de véritables acteurs du développement et jouent leur partition dans l’éducation, la sensibilisation et l’accompagnement des populations.
Les choses avancent…
Malgré la délicatesse de ses missions, le CDHAHRSC parvient à les accomplir. Il a tout d’abord élaboré une stratégie nationale de promotion et de protection des droits de l’Homme pour garantir leur meilleure prise en charge, ainsi que celle des libertés. Il a mis en œuvre également le Plan d’Action National de lutte contre la Traite des Personnes, qui a permis le passage de la Mauritanie au niveau 2 sans surveillance, dans le classement du rapport d’État américain concernant la traite des personnes dans le Monde ; son éligibilité en 2023 à l’AGOA, après celle au MCC en 2022 ; la mise en place d’une cellule tripartite (CDHAHRSC, ministère de la Justice et Parquet général) chargée de suivre régulièrement les cas d’esclavage portés devant les tribunaux spéciaux ; et le lancement des activités de l’Instance Nationale de Lutte Contre la Traite des Personnes et le Trafic des Migrants (INLCTPTM).
On note également l’adoption des recommandations de la Feuille de route pour l’harmonisation de la législation nationale avec les dispositions des conventions internationales ratifiées par la Mauritanie et la célébration de la Journée nationale de lutte contre les pratiques esclavagistes. Le succès de ses réguliers passages devant les mécanismes internationaux, notamment les examens périodiques universels, les organes de traités des Nations Unies, la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples et le Comité africain d’experts sur les droits et bien-être de l’Enfant, est une preuve éloquente des progrès enregistrés.
La stratégie nationale de l’action humanitaire se décline pour sa part en un Plan national de gestion des risques et des catastrophes, doté d’un programme opérationnel.
En 2023, le CDHAHRSC a financé dans 28 localités du pays des Pôles de Développement Intégrés (PDI), visant à améliorer les conditions de vie des populations des deux Hodhs, de l’Assaba, du Tagant, du Guidimagha et du Gorgol pour un montant de 240. 000.000 MRO Ce Programme sera bientôt généralisé dans toutes les wilayas du pays.
Le CDHAHRSC a également financé un PDI dans la localité d’El Atf (Gorgol) et lancé des procédures de transfert de fonds de roulement au profit de dix-sept localités bénéficiaires du programme PDI 2023
Le Commissariat intervient aussi en faveur des populations victimes de catastrophes naturelles ainsi que les personnes indigentes.
Quant à la stratégie nationale pour promotion de la Société civile et dans le cadre de la mise en œuvre de son plan d’action, le département a organisé plusieurs sessions de formation sur l’élaboration de plans d’action et les appels à propositions, ainsi que sur la gestion administrative et financière ; renforcé les capacités des plateformes régionales de ladite Société ; financé diverses initiatives portées par ses organisations ; organisé une campagne de sensibilisation pour l’enrôlement et signé des mémorandums d’entente avec plusieurs partenaires comme l’ambassade de France, Concordis International ou le GRDR…
Satisfecit international et avenir prometteur
Selon beaucoup d’observateurs nationaux et internationaux, la situation des droits de l’Homme a connu conséquemment des progrès significatifs en Mauritanie. D’éminentes personnalités ont salué ces avancées, notamment Volter Turk, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les Droits de l’Homme, le secrétaire d’État américain Antony Blinken ou encore Tomoyo Obokata, le dernier rapporteur spécial des Nations Unies sur les nouvelles formes d’esclavage, après sa visite en Mauritanie (2022). Requinqué par ces témoignages et d’autant plus appliqué à tout mettre en œuvre pour promouvoir et défendre les droits humains et libertés fondamentales, d’une part, et contribuer, d’autre part, à l’émergence d’une société fondée sur les valeurs de justice, d’équité et d’inclusion, le CDHAHRSC nourrit d’ambitieuses perspectives : notamment la mise en œuvre d’actions et d’initiatives visant à renforcer la cohésion sociale et à déconstruire les préjugés néfastes prétendant justifier certaines pratiques rétrogrades et autres passéistes perceptions ataviques ; l’élaboration et le suivi des plans régionaux de lutte contre les discriminations ; la poursuite des programmes en faveur des populations vulnérables ; l’encadrement et l’accompagnement des organisations de la Société civile pour qu’elles deviennent des structures professionnelles et aguerries au service du développement ; la création d’un espace d’échange Etat-OSC et inter OSC ; le renouvellement de toutes ses plateformes régionales, dans le cadre d’un partenariat avec les partenaires institutionnels ; et la généralisation, enfin, des plans de développement intégré à toutes les wilayas du pays.
Un pari sur la communication
Plus que beaucoup d’autres institutions, le CDHAHRSC semble comprendre l’importance de la communication pour assurer la visibilité optimale de ses actions. Il s’est ainsi doté d’une Direction de la communication et de la formation. Au niveau du Cabinet, une cellule spécialisée veille au grain. Un site électronique, en arabe et en français, régulièrement actualisé (www.cdhahrsc.gov.mr) représente une véritable base de données et une réelle référence sur la situation de l’institution. Avec encore une page Facebook forte de mille trois cents followers (https://web.facebook.com/CDHAHRSC/?_rdc=1&_rdr), un compte Twitter (https://twitter.com/CDHAHRSC/status/1650192662362832896) et une chaîne Youtube (www.youtube.com/@cdhahrsc8024), les activités du Commissariat paraissent en effet bien documentées. Longue vie à lui !
Ben Abdallah