La crise alimentaire qui se déroule en ce moment au Sahel devient de plus en plus préoccupante. Cette inquiétude s’accroît suite à la récente décision de la Mauritanie d’augmenter de trois fois les droits d’importation sur les fruits et légumes venant du Maroc. Selon les prévisions du site spécialisé Eastfruit, cette mesure, ciblant spécifiquement le commerce agricole entre les deux pays, risque d’aggraver les problèmes déjà présents en matière de sécurité alimentaire dans la région.
Au cours du mois de Janvier, les exportateurs marocains ont été pris par surprise par une forte augmentation des droits de douane à la frontière entre le Maroc et la Mauritanie. Cette hausse inattendue a provoqué d’importants embouteillages et s’est répercutée directement sur les prix des produits alimentaires dans la région. Les frais de douane ont presque triplé, passant de 1 600 euros à 4 600 euros pour un camion de marchandises du Maroc vers la Mauritanie ! Cette situation a entraîné des problèmes importants pour de nombreux commerçants qui n’étaient pas prêts à faire face à une si soudaine augmentation des coûts. En conséquence, les prix des fruits et légumes sur le marché mauritanien et ceux des pays sahéliens voisins devraient connaître une augmentation significative.
Le Maroc occupe un rôle très important en tant que principal fournisseur de fruits et légumes pour la Mauritanie. Chaque année, il exporte environ 170 mille tonnes de produits essentiels comme les carottes, tomates, oignons et pommes de terre. En fait, la Mauritanie dépend fortement du royaume chérifien, souvent seul fournisseur de ces produits en raison du sous-développement agricole au Sahel. La situation alimentaire dans la région est déjà une grande source de préoccupation. Selon l’ONU, jusqu’à 50 millions de personnes pourraient souffrir de la faim en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale au cours de l’année 2024. La décision récente de la Mauritanie d’augmenter les droits d’importation risque d’exacerber les tensions sociales et économiques au sein d’une population déjà vulnérable.
Bien que la crise alimentaire en Mauritanie ne soit pas aussi critique qu’en d’autres pays du Sahel, les indicateurs restent préoccupants. Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), un cinquième de la population vit en dessous du seuil de pauvreté ; un enfant sur dix souffre de malnutrition aiguë. Alors que les exportateurs font face à des problèmes liés aux restrictions antérieures, comme l’interdiction d’exporter des oignons frais et des pommes de terre imposées au Maroc, pour, dit-on, stabiliser les prix intérieurs et privilégier le marché local. La récente augmentation des droits de douane par les autorités mauritaniennes risque d’entraîner une hausse rapide des prix des fruits et légumes, voire la disparition de certains produits sur les marchés mauritaniens et sahéliens.
La Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est directement touchée par les perturbations à El Guerguerat causées par l’augmentation spectaculaire des droits de douane. Ses experts insistent sur la nécessité de résoudre rapidement cette crise pour préserver l’approvisionnement alimentaire en Mauritanie et au Sahel et atténuer l’impact sur les populations en grand danger de famine.