Depuis bientôt deux semaines, des rumeurs faisant état d’un réajustement du gouvernement se font de plus en plus persistantes. On l’annonce même pour imminent. Mais le président de la République ne semble visiblement pas pressé. Il ne cède pas aux rumeurs des salons et des bureaux feutrés de l’Administration qui en bruissent. Certains tentent d’expliquer cette temporisation par la probabilité d’une prochaine intervention du PM devant le Parlement pour évaluer le travail du quinquennat. D’autres annoncent Ould Bilal à la tête de l’INSAF…
Tous ces bruits prouvent surtout que les Mauritaniens attendent, depuis le dernier remaniement intervenu au lendemain des élections de Mai dernier, des mouvements au sein du gouvernement afin de préparer au mieux la présidentielle de Juin prochain. Les sept mois écoulés ont permis au président Ghazwani de mesurer la capacité de son équipe à non seulement dérouler et parachever ses Taahoudatys mais aussi à étayer sa campagne électorale, en défendant honorablement le bilan de son premier quinquennat. La commission interministérielle que préside le Premier ministre évalue chaque semaine l’action gouvernementale ainsi que le déroulement des grands chantiers et ses différents communiqués multiplient les satisfécits sur l’une et l’autre… Le contraire aurait surpris.
Mais à en croire certains observateurs, les appréciations du président de la République seraient beaucoup plus mitigées : ses récentes tournées dans plusieurs régions et les renseignements remontés par des sources parallèles lui auraient permis de se faire une idée moins idyllique de la réalité sur le terrain. Lenteurs, mauvaise qualité des ouvrages et, surtout, coûts exorbitants auraient été relevés. La pause observée par le Raïs dans les tournées en serait la première conséquence. Les cortèges des « accueillîtes » et les discours des laudateurs n’y peuvent rien : les faits prouvent combien le mensonge et la triche sont ancrés dans les mentalités et les pratiques quotidiennes de nos « responsables ». Viva la corrupción !
Qu’en attendre ?
Une tournée-« baromètre », au final, qui aura suffisamment informé Ould Ghazwani sur l’évolution réelle des projets « structurants ». Libre désormais à lui de décider qui va quitter ou rester au sein du gouvernement jusqu’à l’élection présidentielle. Dans ce contexte, les porteurs de voix – chefs de tribu, généraux en service ou à la retraite, ministres et directeurs de grands établissements publics, etc. – s’agitent, chacun cherchant à maintenir son quota, ses protégés et autres hommes de main, sinon de paille… Certains observateurs interprètent ainsi les nominations effectuées ces derniers mois par le Palais : la pêche aux électeurs aurait commencé. Et comme toujours, elle risque fort d’affecter la sincérité du scrutin ! Le zèle de nos hauts responsables fera le reste… Rien de nouveau sous le soleil ? Si le remaniement ministériel sur lequel spécule le landerneau politique ne fait que recycler des zombies, pérenniser et fossiliser un système tribaliste, clientéliste, népotiste et gangrené par la corruption, que peuvent en attendre les Mauritaniens tracassés par la flambée des produits vitaux, l’état de leur santé et de leur école ? Pas grand-chose probablement et c’est peut-être hélas déjà trop en espérer…
Dalay Lam