Chaque chose a une fin. L’éternité, c’est pour Allah. Ce dont on prend la tête est fini. Tout finit par finir. Heureusement, pour la Mauritanie, que son président en ait fini avec l’Union africaine. Un rein et un pied (d’une chèvre, s’entend) ne peuvent pas être mélangés dans une joue. Et il est impossible de courir et de se gratter quelque part (il s’agit du Président. Pour tout autre, je l’aurai dit, ce quelque part-là). Bon retour au pays et à ses affaires ! Belle coïncidence que la fin du mandat de l’Union africaine et la disposition au dialogue avec l’opposition, sur tout ce qu’elle veut. Belle coïncidence avec la dépréciation du prix du fer. Belle coïncidence avec le manque à gagner du Trésor public, des centaines de millions d’euros de la convention de pêche avec les pays de l’Union européenne. Belle coïncidence avec les dérapages de tous ordres : violations flagrantes des droits de l’Homme, arrestations arbitraires et faiblesse de plus en plus notoire d’un Etat qui ne sait plus quoi faire, face aux nombreux défis de l’unité nationale. Groupement représentatif des Soninkés. Groupement représentatif des Wolofs. Groupement représentatif des Maures. Groupement représentatif des Harratines. Groupement représentatif des Forgerons. Groupement représentatif des Bambaras. Ah oui, les Bambaras. Peut-être aussi des Mossi, des Pygmées et autres origines diverses des quatre coins de la Terre. Heureusement qu’il nous est revenu, notre président ! Il était partagé. Bien tendu entre deux troncs. Les seuls problèmes de la Mauritanie nouent la tête. Ajoutez-y : Ebola, Azawad, Boko Haram… juste ça : Votre sommeil va s’envoler. Sahara occidental, les deux gouvernements et les deux parlements libyens, les Chebabs et les moins jeunes. Heureusement que notre président nous est revenu ! Entier. Sans virus. Sans balle. Sans un cheveu blanc. Bon retour, ancien président en exercice de l’Union africaine ! Les honneurs et les protocoles vont, les titres restent. Vous savez qui sont les plus grands perdants, dans cette fin de mandat ? C’est la Mauritanienne (notre TV nationale). C’est Radio Mauritanie. C’est l’UPR et ses cadres. Un mot, deux mots : président en exercice de l’Union africaine. A tout va. A la place Ibn Abass, pour la prière des Id : voici arrivé le président de l’Union africaine ! A toutes condoléances : voici arrivé le président en exercice de l’Union africaine ! Avant de dormir. En se réveillant. Presque un dou’a. Dommage que ce serait un vrai désœuvrement. Allons-y par transposition ou par extrapolation. Dans l’armée, un ancien général reste un général. Il reste « mon général ». Il ne comprend qu’« à vos ordres, mon général ! ». La preuve. De même, un ancien président en exercice de l’Union africaine reste un président de l’Union africaine. Heureuse consolation pour la Mauritanienne, Radio Mauritanie, les ministres et les gens de l’UPR. La sénilité, l’entêtement et la faiblesse ne disqualifient pas, à la présidence africaine. Robert Mugabe, le remplaçant de Mohamed ould Abdel Aziz : 91 ans, subversif au sens de « casseur » à la tête cassée et tenant à peine sur ses pieds. L’Union africaine… juste un club. Juste un machin. Juste un truc. Qui tourne. Qui se réunit. Qui pirouette. D’Afrique en Afrique. Selon les tours. Quelques jours de villégiature ne sont rien pour se refaire une santé, sur fond de discussions peu sérieuses, généralement sans lendemain. La Mauritanie a joué sa partition. Selon la Mauritanienne, Radio Mauritanie et les gens de l’UPR, sa présidence fut la meilleure de toutes. Pour cela, un livre (vieille histoire avec le livre) a même été édité, pour immortaliser nos réalisations à la tête de l’Union africaine. C’est pas l’âge seul qui vaut. Quatre-vingt onze ans d’âge réel et combien d’âge mental ? Peut-être trente ou quarante. Ou même dix fois moins. Cinquante ans et poussière d’âge réel et quatre-vingt-dix ans ou même dix fois plus d’âge mental. La mythologie populaire mauritanienne parle du « né le vendredi » dont les bienfaits ne sont jamais pour ses parents. Ou d’un certain quelqu’un qui part « nouer les calebasses » des autres et laisse celles de ses parents. En tout cas, celui-là ou un autre : parent quand même est là-bas. Salut.
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».