« La raison du plus fort est toujours la meilleure », avançait La Fontaine dans une de ses plus fameuses fables. Une sentence applicable à la situation actuelle du monde arabo-musulman soumis à l'hégémonie agressive de l'Occident depuis le congrès qu’organisa en 1907 le Premier ministre britannique Henry Campbell Mennerman et qui regroupa plusieurs dirigeants occidentaux ?« La mer Méditerranée », y déclara en tout cas celui-ci, « constitue un espace vital qui relie l'Est à l'Ouest, un passage naturel pour les continents asiatique et africain, un carrefour et un berceau des religions et civilisations, avec en particulier, sur ses rives Sud et Est, un peuple qui dispose de tous les facteurs d'unité linguistique, historique et religieuse. Il nous faut faire tout pour que celui-ci reste dans l'ignorance, l'émiettement et les divisions, parce qu’une fois uni, il prendra notre place de leader et ce sera l'effondrement de notre système ».
C'est en cette stratégie que s’est inscrite l’implantation de [la Sionie] au cœur du monde arabe, dans une zone hautement symbolique et stratégique à plusieurs égards : notamment religieux, avec al-Aqsa, et économique, autour d’un immense réservoir d’hydrocarbures dont l’exploitation constitue le principal levier de la suprématie de l'Occident. C’est donc tout-à-fait sciemment que celui-ci a fait de [la Sionie] un permanent vivier de tensions et de conflits avec le monde arabe : déjà quatre guerres en Palestine – 1948, 1956, 1967 et 1973 – plus deux autres avec le Liban et encore autant avec le Hezbollah et le Hamas. Le rythme et l'intensité des agressions [sionistes] a pris ces dernières années de l'ampleur. Mais celle actuellement lancée, avec l’appui sans équivoque des principaux gouvernements occidentaux, USA en tête, contre l'enclave palestinienne de Gaza a battu le record de tous les crimes et génocides précédents.
Toutes les armes y sont utilisées, y comprises celles de la soif et de la famine. Un carnage inouï, mosquées et hôpitaux rasés, de même que les quartiers résidentiels sur la tête de leurs habitants. Une véritable extermination, déjà plus de treize mille victimes civiles et tout porte à redouter, hélas, que le bilan s’alourdisse encore. Face à ce carnage sans précédent, certains dirigeants occidentaux ne cessent de répéter sans gêne que c’est l'islamisme politique à Gaza qui empêche toute solution au conflit arabo-[sioniste] et personne n'ose dire que c'est plutôt le judaïsme politique du Likoud à Tel-Aviv qui ne peut conduire qu'aux guerres á répétition et génocides.
Les juifs furent massacrés et persécutés par des occidentaux extrémistes. Serait-ce en soutenant des extrémistes juifs massacrant et persécutant les Palestiniens que les Occidentaux pensent pouvoir effacer ces crimes de leur mémoire collective ?En tout cas la confusion entre judaïsme et sionisme sert de gros intérêts occidentaux, surtout américains. Malgré cela, certains parmi nous ne se lassent pas de demander l'intervention des Nations unies pour régler le conflit qualifié à tort d’israélo-arabe – autrement dit judéo-arabe –alors qu'il s'agit d'un conflit existentiel et multidimensionnel qui oppose l'Occident, surtout les USA, au monde arabo-musulman, en détournant le nom de toute une communauté religieuse (Israël) pour camoufler une entreprise capitalo-coloniale (le sionisme).
Cette réalité ne doit échapper à personne : le fardeau militaire, financier et diplomatique des agressions [sionistes] a été et demeure toujours supporté par les USA et leurs alliés. Il s'agit d'une constante position, l'agression contre Gaza n'est qu'un échantillon parmi tant d'autres qui se sont accumulées durant les soixante-quinze années de colonisation [sioniste] défendue, en violation du droit du peuple palestinien martyr qui lutte pour sa liberté, par le veto américain infligeant à celui-ci le statut d'éternel opprimé,« légitimité » par la loi de la jungle.
Pourquoi les sanctionnés par ce veto sont-ils toujours les mêmes ?
La raison paraît claire : mettant à part la Chine, quatre des cinq membres permanents du Conseil de sécurité sont des occidentaux, y compris la Russie, partageant les mêmes valeurs culturelles et religieuses : le judéo-christianisme. Un droit de veto totalement disproportionné, au regard de sa répartition géospatiale, démographique et culturelle : seulement 12% de la population mondiale entend commander les 88% restant. À titre d'exemple, l'Inde et son milliard d’habitants ne dispose d’aucun veto, tout comme l'Afrique avec une population tout aussi nombreuse ; ou l'Amérique Latine ou encore le monde arabe, qui totalise chacun plus de quatre cent cinquante millions d’habitants, loin devant la population des USA, donc. Et je ne parle pas des deux milliards de musulmans partout privés de leur droit à être différents de l'Occident.
Comme le Conseil de « sécurité » – quelle ironie scandaleuse ! – est occidental « par excellence », aucune mesure pour stopper le génocide et l'extermination à Gaza ne peut être à l'ordre du jour. Le « ce qui se fait sans toi se fait contre toi » est plus que jamais valable. Certains membres dudit Conseil propose la gestion de Gaza par la soi-disante« Autorité » palestinienne – ironie tout aussi scandaleuse… – ou par une force régionale, dans le cadre d'un plan cynique dont le premier scénario ne peut conduire qu’à une guerre civile entre les Palestiniens et le second vers plus de violences et de divisions dans la région.
Peu importe. L'essentiel est que cette force soit à la botte, sinon à la solde, de [la Sionie] et lui donne la clé de Gaza. Mais la paix ne peut être établie par la force de l'injustice et si bien sûr la justice le pourrait, la fuite en avant ne changera jamais cette donne. Tout homme libre sait intimement que la cause palestinienne est devenue un fonds de commerce pour le plus offrant, puisqu’après les traités ou accords d'Abraham passés contre le gré des peuples – et qui ne servent que les intérêts de ceux qui les ont signés – la situation des Palestiniens a empiré : les exactions et les colonies se sont tant multipliées que l'inévitable explosion palestinienne ne pouvait être qu’attendue.
L'attaque du 7 Octobre est un pas vers la liberté. Elle doit se poursuivre et s’étendre partout, puisque seule la lutte libère : toutes les négociations de paix ne sont que leurre finissant toujours là où il a commencé. À l’approche de son centenaire, ce conflit existentiel glissant à des fins politiques et stratégiques pourrait être résolu définitivement en moins de 24 heures par les USA, à travers une résolution au Conseil de sécurité mettant les Palestiniens dans leur droit. Mais, hélas,« tant que le poulailler est libre, ne parlons pas du renard ».
Il est devenu certes clair que le sang arabe ne coûte plus rien car nous avons perdu les vertus du courage et de l'orgueil arabes, notre amour de la mort pour défendre les causes justes des musulmans. Mais il reste encore parmi nous certains qui préfèrent vivre dans la dignité, sinon mourir debout, malgré le bêlement de nombreux agneaux. Et pour conclure en attendant la fin de la présente tragédie palestinienne, j'aimerai vraiment connaître l'état d'âme de chaque dirigeant arabe qui regarde le sang des enfants palestiniens arroser Gaza, sous le feu des mêmes armes qui firent arroser Baghdad avec le sang des Irakiens. À bon entendeur, salut !