Eywe, vous a-t-on dit que cette année encore le budget global national est de 1087 milliards ? En tout cas, moi, je ne sais pas. Je suppose que ces milliers de milliards, c’est déjà beaucoup pour à peine cinq millions, tout au plus, de « people ». Raconter publiquement les budgets, c’est une vieille routine. Chaque fin d’année, tel département a reçu tel montant. Tel autre a augmenté son budget de tant. Mais à la fin, c’est-à-dire au début de chaque année, quand l’argent est fini, on doit faire les comptes. Ça, même le boutiquier du coin le fait. Il fait ses calculs pour savoir ce qu’il a acheté, ce qu’il a vendu, comment va la boutique…Faut-il virer le « souvent debout » ou le maintenir à son poste ? Enfin bref : des comptes et règlements de ce genre. Du temps où la Mauritanie « était » encore le Sénégal – ou le contraire, c’est la même chose – il y avait des spécialistes du comptage des boutiques pour déterminer à la fin des opérations si ça marchait ou non. Un peu comme nos fameux inspecteurs généraux des finances d’aujourd’hui qui comptent en leur sein des instituteurs, des professeurs adjoints de français et des enseignants de mahadra. Imaginez un peu un inspecteur général des finances qui ne maîtrise pas les quatre opérations ! Si nous avons été le pays d’un million de poètes, nous sommes devenus celui du million de n’importe quoi. A quoi ça sert de nous dire, chaque année : « on a donné à ce département cent, deux cents ou quatre cents milliards » ; et de ne pas nous dire, après, ce qu’il en a fait ? Surtout quand on remarque combien ses fonctionnaires, les hauts perchés, se sont « refroidis ». S’il n’y a pas de comptes à rendre au peuple, il ne sert à rien de lui dire comment ses ressources ont été distribuées pour être volées. Dans les départements et institutions budgétivores, ce sont toujours les mêmes chansons : constructions fictives, surfacturations abusives, consultations et expertises inutiles, missions et frais de missions à n’en plus finir, ateliers, séminaires, rencontres, journées de réflexion, formations, voyages d’études et autre tralala insensés, juste « bons à justifier » la dilapidation des deniers publics. Mais trois milliards d’ouguiyas, c’est tout de même beaucoup d’argent ! Les claquer en une seule fois dans une seule petite wilaya, en distribuant de petits montants ou en montant les petites manœuvres d’un théâtre mal ficelé, ça, ça doit interpeller. Et ensuite venir, bien cravaté à la télévision, pour raconter des choses comme quoi il ya eu ceci, il y a eu cela. Puis faire sortir, après le remontage, de pauvres personnes triées sur le vol pour leur faire dire des choses qu’elles-mêmes ne comprennent pas, stop ! Arrêtez le massacre ! Cessez le feu ! Trop, c’est trop. C’est jusqu’à quand que vous allez à continuer à laisser agir les bandits de grand chemin ? C’est jusqu’à quand qu’on va continuer à manger impunément l’argent d’un peuple miséreux qui ne sait plus depuis très longtemps quoi faire ? Augmentation du budget de la Présidence, augmentation du budget de la Primature, de l’Assemblée nationale ou des ministères de l’Éducation, de la Santé et tutti quanti… Pourquoi ? Pourquoi faire ? Continuer à ne pas obtenir de résultats et recommencer toujours la même mascarade, avec des discours maintes fois ressassés, réchauffés et resservis ? Mais qui croit-on tromper ? Certainement pas ce bas peuple qui n’a ni volonté ni pouvoir ! Cessez le feu ! Cessez le mensonge ! Cessez la gabegie ! Salut.
Sneiba El Kory