Après une décennie de malheurs conclus par le procès pour détournement des biens publics, blanchiment et malversations de tout ordre, la gabegie a-t-elle pour autant reculé dans notre pays ? On serait tenté de répondre par la négative à la lecture du dernier rapport de la Cour des Comptes pour les trois dernières années (2019, 2020 et 2021) qui a révélé d’innombrables cas de mauvaise gestion et de prévarication dans plusieurs départements ministériels. Aussitôt remis au président de la République, il a fait ses premières victimes. En attendant d’autres ? Deux secrétaires généraux de ministère et un haut fonctionnaire ont été sommés de faire leurs bagages. C’est bien peu, serait-on tenté de dire, mais il paraît que beaucoup d’autres ont été priés de rembourser et ne se sont pas fait prier pour s’exécuter. Est-ce suffisant ? Doit-on continuer à limoger à tout bout de champ ceux dont les noms sont cités dans des malversations ? Ou fermer les yeux lorsqu’il s’agit de délits mineurs, exiger de leurs auteurs de passer à la caisse et les maintenir en fonction ? Ce faisant, on fait mine d’oublier le célèbre proverbe français selon lequel « qui vole un œuf, volera un bœuf ». A contrario, une opération « mains propres » ne risque-t-elle pas de dégarnir la haute fonction publique tant la prévarication y est devenue un sport national ? Personne n’aimerait être à la place de Ghazwani. Comment en effet diriger un pays où l’on confond, depuis plus de quarante ans, si aisément deniers publics et deniers privés ? On l’attend avec impatience, cette éducation républicaine et civique où la probité sera réellement ramenée aux nues. Car elle était bel et bien de rigueur, il y a encore à peine cinquante ans…
Ahmed ould Cheikh