Fondée en 1981 par les États africains sous la houlette de la Banque africaine de développement (BAD) pour servir au financement et à la promotion du logement, la Société pour l’Habitat en Afrique « Shelter Afrique » prend une nouvelle dimension, à la faveur d’une refonte totale de ses statuts et leur remplacement par un accord établissant une nouvelle institution sous l’appellation « Banque de Développement/Shelter-Afrique ».
Après avoir soufflé quarante-deux bougies avec la légitimité de revendiquer l’âge de la maturité pour une institution, l’outil de développement du logement en Afrique accomplit ainsi sa mue. Une évolution majeure dans le cadre d’une opération complète de relookage menée avec l’assistance d’une équipe de Curtis Mallet-Prevost, sous la conduite de maître Kalidou Gadio, avocat associé à ce cabinet d’affaires américain fondé en 1830.De nationalité mauritanienne, diplômé de Harvard et de la faculté de Droit de la Sorbonne, maître Gadio a mené sa carrière en France, aux USA puis à la BAD dont il fut le conseiller juridique général pendant plusieurs années.
Le capital de la Banque de développement Shelter-Afrique (BDSHAF) est réparti de la manière suivante : catégorie A (45% des actions) regroupant les États africains ; catégorie B (30% du capital) désignant les institutions africaines de développement telles que la Banque Africaine de Développement (BAD) ou AFRICA RE ; catégorie C (25%) les privés africains et non-africains, les institutions publiques ou privées de pays étrangers. Signalons ici que le tour de table de la banque relookée n’accueille, pour le moment, aucun actionnaire de cette dernière catégorie.
Combler les lacunes
L’institution devient ainsi une banque de développement, avec toutes les conséquences de Droit découlant du nouveau traité international visant « à combler certaines lacunes, ambigüités, questions d’interprétation et incohérences identifiées » de ses statuts, pour lui substituer un véritable accord soumis au Droit international public. La mission assignée à l’institution rénovée est de « financer et promouvoir le logement abordable, le développement urbain en Afrique, en tenant compte de l’évolution des besoins dans les zones citadines et rurales à travers le continent ; jouer un rôle de catalyseur en mobilisant des capitaux en provenance de diverses sources, africaines ou non-africaines, y compris des emprunts, des souscriptions au capital et des subventions, qui seront mises à disposition pour financer des investissements dans le secteur du logement et des investissements, notamment dans le cadre du développement urbain ».
L’action de la nouvelle BDSHAF est donc tournée vers « le développement et l’amélioration des zones urbaines par la construction et la rénovation d’infrastructures, logements résidentiels et communautaires, y compris les systèmes de transports et de loisirs, les services publics de base ». Une action inscrite dans l’amélioration des conditions de vie des populations des cités urbaines et de leur cadre de vie. Cette stratégie sera conduite en tenant compte de l’évolution des cités accueillant les futurs projets, en parfaite adéquation avec le contexte propre à chacune d’elles.
L’investissement dans le développement urbain au sens du nouveau traité établissant la BDSHAF est expliqué comme une action de promotion portant sur « des sociétés, des actifs, des entreprises et des projets liés au logement ».Le Siège de la banque est maintenu à Nairobi (Kenya) et tout pays sur le territoire duquel une représentation sera ouverte devra signer un accord de siège avec l’institution reconnaissant les privilèges et immunités inscrites dans le nouveau traité. La mue de Shelter-Afrique en banque de développement apparaît ainsi en nouvelle étape du long processus vers l’émergence des sociétés africaines : nourrir, électrifier et industrialiser le continent ; en donnant, au-delà, un logement décent à tous ses habitants.
Shelter-Afrique connut par le passé des errements dans sa gouvernance qui plombèrent ses ambitions originelles pendant plusieurs années. L’arrivée aux commandes du guinéen Thierno Habib Hanne, un haut cadre de la SFI, vise à lui donner un nouveau souffle de nature à mettre en œuvre la batterie de réformes prévues par le nouvel accord afin d’exorciser tous les démons du passé.
AS