Du temps de la « vraie » école –pas celle des réformes successives à nouer la tête –du temps donc où l'instituteur était magistral –pas comme aujourd'hui où il est devenu la risée de tous –du temps de la bonne craie dont les bâtons donnaient l'envie de les croquer, du temps des stylos Bic, du buvard, du porte-plume et de l'encre dont les flaques occasionnaient des raclées aux trébuchards…Du temps du« Moi, Monsieur ! » et du« Monsieur [où Madame], j'ai un besoin ! » ou du « Je me plains de celui ou de celle-là ! ». Du temps des cahiers de devoirs, des cahiers d'exercices, des cahiers de roulement, du symbole…De la douce récréation qui ne dépassait jamais le quart d'heure juste suffisant pour solder les comptes entre élèves et déguster quelques délices bien trempés de sauce ou de miel. Du temps des « Amis, lisons ensemble » si bien illustré par l'irracontable Marie-Françoise de La Rosière du Centre culturel français. Du temps du syllabaire, d’« Afrique, mon Afrique » et du « Calcul quotidien ». Du temps où les élèves venaient tous à l'école à pied, résolvant sans grande difficulté les célèbres problèmes de Jean Auriol : « Un Dioula achète deux sacs de riz de même poids et de même valeur... »ou« un locataire ne peut payer que les 7/8 de son loyer… ». Du temps où déclamer sans coup férir quelques fables de la Fontaine :La raison du plus fort, Le corbeau et le renard, ou encore La mort et le bûcheron ; n'avait rien d’extraordinaire.
En ces temps, les familles et leurs enfants partaient pourtant bien en vacances. Certains à la guetna ; d’autres à Kaédi, Boghé, Aleg ou Sélibaby. D’autres partaient plus loin au Nord ou à l'Est, sinon au Trarza. Certains étaient fils de ministres, d’officiers ou de commerçants. Mais c’est quoi, aujourd’hui, cette histoire d'aller passer quelques semaines en Espagne ou au Maroc avec toute la famille ? C'est quoi cette histoire d'aller dépenser des millions de DH ou d'euros loin de nous ? Alors que nous pouvons disposer de sites nationaux de prédilection,[p1] avec eau de qualité, paysages luxuriants, méchouis à gogo, air pur, lait de vache et de chamelle, avec moins d'un millionième de l’argent dépensé à engraisser hôtels, auberges et autres petits gîtes de fortune hors du pays. Quand notre Président va à Boumdeïd, sûr que son ministre directeur de cabinet s’est rendu à Dionaba. Les autres devraient donc aller à Boumbri, Guérou, Nouadhibou, Boghé ou Bassiknou. Enfin, bof : heureusement que tout finit… y compris les vacances ! Salut.