Fidèle à la liberté d’expression, Le Calame publie cette semaine un courrier de Mohamed Ahmed Cheikh intitulé « L’invasion continue ». Des propos dont d’aucuns pourraient percevoir de nauséeux relents racistes et lepenniens fort éloignés de la ligne éditoriale du Calame. Assez feutrés et subtils, certes, mais assez conséquents pour qu’on s’y arrête un instant.
Car, tout de même, partir de la notion de « Maghreb arabe » – un concept essentiellement politique qui évacue d’un trait de plume les dimensions berbère et africaine de l’Afrique du Nord… – pour déboucher sur la perte d’équilibre ethnique de la Mauritanie suite à « l’invasion d’africains Sud-sahariens », c’est faire la part belle aux extrémistes beïdanes des années de braise. Parler français ne fait pas de moi un français : mes racines sont mauritaniennes, plus spécifiquement arabo-berbères en ce qui me concerne, quand, tout aussi mauritaniennes, celles d’un grand nombre de mes compatriotes – la grande majorité, si l’on y inclut les Harratines – relèvent de cette africanité sub-saharienne qui fait si peur à notre courriériste.
Défendre une langue ou une culture est une chose, en faire un flambeau d’identité raciale en est une autre. Trop de feux sanglants ont été embrasés par cet amalgame. Merci, monsieur l’ingénieur de pêche, d’entendre ce message comme un rappel à la paix sociale et à notre unité, non seulement nationale mais aussi africaine. Vous y êtes sensible, je crois, comme en témoigne le dernier paragraphe de votre article, assez « cheveu sur la soupe », au demeurant, de votre phobie identitaire mais significatif d’un certain sens de notre solidarité continentale. C’est fort louable en ce qui concerne le Niger. Cela le sera plus encore devant votre porte à Nouakchott.
Feylili